(AOF) - Avec les chiffres de l'inflation du mois de mai, la pression s'accentue sur la Banque centrale européenne (BCE) pour qu'elle entame enfin la normalisation de sa politique monétaire. À 8,1 %, le taux d'inflation a atteint son plus haut niveau depuis l'introduction de l'euro en 1999. « De plus, les chiffres suggèrent qu'il ne faut pas s'attendre à une baisse rapide des taux d'inflation, car la pression à la hausse sur les prix s'est considérablement élargie ces derniers mois », souligne Ulrike Kastens, économiste Europe chez DWS.
Le taux de base s'élève déjà à 3,8 %, bien que les augmentations de salaires soient encore assez limitées.
Toutefois, ce n'est qu'une question de temps avant que les demandes de compensation de l'inflation ne se reflètent dans les accords salariaux, d'autant plus que le marché du travail continue de bien se porter et que l'emploi se développe.
" Selon nos prévisions, cela devrait se traduire par un nouveau non-respect de l'objectif d'inflation de 2 % au cours de l'année à venir ", prévient Ulrike Kastens.
Sur la base des nouvelles perspectives de juin, qui devraient indiquer une croissance plus faible mais une forte augmentation des taux d'inflation, l'experte s'attend à ce que la réunion de la BCE du 9 juin mette fin au programme d'achat d'actifs et annonce qu'elle relèvera ses taux directeurs en juillet 2022 pour la première fois depuis 2011.
" Cette annonce sera probablement suivie de nouvelles hausses des taux d'intérêt, de sorte que la fin de la période des taux d'intérêt négatifs devrait être atteinte au plus tard au début de l'automne ", ajoute Ulrike Kastens.
De nombreux membres de la BCE supposent encore que la normalisation de la politique monétaire pourrait être suffisante pour contenir l'inflation.
Selon l'économiste Europe de DWS, cela correspondrait à un taux d'intérêt d'environ 1,5 %, soit le taux neutre. Dès lors, on peut se demander si cela est suffisant dans un contexte de risques d'inflation plus élevés.
La Federal Reserve Américaine (FED) a également signalé dans un premier temps une normalisation de la politique monétaire. " Mais à notre avis, un cap plus restrictif est nécessaire dans ce pays pour lutter activement contre les dangers inflationnistes ", conclut Ulrike Kastens.
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