Le premier semestre de l’année 2022 est le pire démarrage pour l’industrie de la gestion européenne depuis bien longtemps, à la fois au niveau de la performance (tous les grands marchés ont cédé environ 20 %) et de la collecte.
La décollecte atteint environ 200 milliards d’euros en six mois, ce qui veut dire qu’à ce rythme-là les 450 milliards collectés sur 2021 devraient ressortir sur 2022. « Avec un effet de marché qui a fait baisser les actifs de 800 milliards d’euros au premier semestre, ce sont au total 1 000 milliards d’euros environ qui sont partis en fumée en Europe, dont 165 milliards uniquement sur les fonds domiciliés en France », indique Jean-François Bay, directeur général chez Quantalys.
Les catégories les plus impactées par les sorties de capitaux sont les fonds obligataires (moins 127 milliards d’euros) et ceci de façon indiscriminée : emprunts d’État euro, dette émergente, obligations high yield… Viennent ensuite les fonds monétaires avec 70 milliards d’euros de flux sortants.
Les catégories qui s’en sortent le mieux et résistent sont les fonds actions monde, les secteurs cycliques/value, les fonds flexibles, la thématique matières premières/énergie et certaines stratégies alternatives. « Dans cet environnement compliqué, les investisseurs européens privilégient la gestion passive et les ETF pour s’exposer de façon tactique sur ces thématiques (value, énergie ou actions américaines) ou, au contraire, pour se désensibiliser sur d’autres stratégies (tech, high yield, marchés émergents, actions Europe… »
En Europe, les mouvements de décollecte sur les taux pénalisent les grandes maisons obligataires actives comme PIMCO et favorisent les fournisseurs d’ETF tels que iShares, Vanguard ou X-Trackers.
« En France, certaines sociétés tirent leur épingle du jeu sur des stratégies très variées comme le long/short Equity pour BDL Capital Management, l’Immobilier pour Theoreim ou pour Turgot AM ou encore la gestion flexible chez Rothschild & Co AM ou chez SG29. À l’inverse, les gérants spécialisés sur les taux, sur les valeurs de croissance et sur les actions européennes souffrent. »