Dette émergente : les ETF sous-performent nettement les fonds gérés activement 

Publié le 30 janvier 2025 à 10h51

Catherine Rekik    Temps de lecture 5 minutes

Selon IVO Capital Partners, les ETF ne sont pas le meilleur véhicule pour tirer parti des rendements offerts par la dette corporate émergente. Seule une gestion active permettrait de profiter des spécificités de cette classe d’actifs comme l’indique Jérémy Landau, analyste senior, dans son étude intitulée « Le marché de la dette émergente : terra incognita pour les ETF ». 

Si l’on se réfère au dernier rapport de Morningstar sur la collecte des fonds à long terme domiciliés en Europe, l’attrait des investisseurs pour les ETF ne faiblit pas. En 2024, la collecte nette des stratégies passives a atteint un niveau record, de 307,6 Md€. Autre fait marquant de l’année écoulée : « les stratégies obligataires ont attiré plus de 336 Md€ de souscriptions nettes, soit le deuxième meilleur résultat annuel jamais enregistré » précise Valerio Baselli, senior international editor. De son côté, Jérémy Landau rappelle que si le marché mondial des ETF a explosé, les ETF obligataires ont toujours du mal à pénétrer significativement le marché et ne représentant qu’un cinquième du total des encours des ETF. Et, dans la dette des marchés émergents, seulement 2,5 % des actifs sont gérés via des ETF...
« Dans nos discussions avec des investisseurs potentiels, la question de la pertinence d’investir dans la dette émergente via un fonds géré activement plutôt qu’un ETF revient régulièrement. Nous avons réalisé cette étude pour bien expliquer à nos clients comment l’inadéquation structurelle des fonds cotés est peu compatible avec les spécificités de notre classe d’actifs». Les contraintes des ETF entravent leur capacité à gérer efficacement le risque de crédit et à générer des rendements suffisamment attractifs. « Dans le fixed income, et plus spécifiquement dans la dette émergente, le trading n’est pas suffisamment automatisé pour que les ETF puissent répliquer efficacement un indice . En tant que gérant actif, cela nous confère un avantage car nous avons un trading dédié. Notre travail repose sur des relations établies avec les banques et les brokers ainsi que sur notre connaissance des émetteurs ». L’étude réalisée par IVO Capital Partners pointe un autre facteur clé : la liquidité des obligations sous-jacentes. « Les titres obligataires des marchés émergents, et en particulier ceux du segment high yield, présentent souvent une liquidité réduite, ce qui complique considérablement le processus de création et de rachat des fonds cotés. De plus, contrairement aux actions, où chaque émetteur est représenté par un titre principal unique, les marchés obligataires comprennent plusieurs instruments par émetteur, ce qui les rend plus complexes, tout en offrant aux gérants actifs une palette plus large d’opportunités ». 
Par ailleurs, alors que les ETF vont être très exposés à des crédits peu intéressants et à de gros émetteurs de dette émergente, la gestion active du risque et la sélectivité du gérant actif vont, au contraire, lui permettre d’éviter ces acteurs, leurs pondérations importantes dans les indices n’étant pas forcément pas un bon indicateur.  « Les ETF sont intrinsèquement exposés à des crédits peu attractifs, avec un rapport risque-rendement discutable. Par exemple, TSMC, bien qu’étant un émetteur majeur dans les indices, offre un spread très faible par rapport aux bons du Trésor, réduisant la valeur ajoutée après prise en compte des frais. De plus, les risques géopolitiques, comme ceux associés aux obligations russes en 2021, montrent l'importance d’une gestion flexible et active. Contrairement aux ETF, notre approche de gestion active permet d’éviter ces écueils et d’exploiter les opportunités de manière ciblée, notamment face aux incertitudes politiques mondiales ». 
Un gérant actif va également pouvoir profiter des opportunités offertes par le marché primaire.  « Encore une fois, la qualité des relations que nous entretenons avec les banques émettrices va nous permettre de regarder en amont les nouvelles émissions et d’identifier celles sur lesquelles nous souhaitons nous positionner alors qu’un ETF doit attendre l’émission sur le marché avant d’acheter se privant ainsi de la  prime des nouvelles émissions ».  Cette prime peut inclure des rendements plus élevés, de meilleures conditions ou des profils de crédit améliorés par rapport aux obligations existantes.
Enfin, l'étude confirme la sous-perfomance sur le long terme des ETF sur la dette des marchés émergents à la fois par rapport à leurs indices de référence et aux gestionnaires actifs spécialisés dans la dette émergente. En ce qui concerne les frais de gestion, ils sont évidemment en faveur des ETF – 35 points de base en moyenne contre 80 points de base pour un fonds géré activement-, mais attention conclut Jérémy Landau, « les frais sont certes plus bas mais les rendements aussi ! Sur une période de cinq ans, l’investisseur moyen en ETF sur la dette émergente aurait économisé 65 points de base par an en frais par rapport à notre fonds IVO EM Corporate Debt, mais il aurait perdu 25 % de performance cumulée. Cette surperformance constante montre clairement que les économies de coûts offertes par les ETF ne compensent pas la valeur générée par une gestion active avec des frais plus élevés ». 

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