2025, l’année des marchés émergents ?
Après plusieurs années difficiles pour les marchés émergents, il est temps pour les investisseurs de s’intéresser à nouveau à cette classe d’actifs encore largement décotée mais riche en opportunités, à l’instar des entreprises indiennes qui profitent des réformes structurelles mises en place par le gouvernement Modi.
Les pays émergents seront au rendez-vous de la croissance. En 2025 et 2026, celle-ci devrait en effet rester significativement supérieure à celle des pays développés qui tourne au ralenti. Pourtant, les performances des marchés émergents ont déçu. En cette fin d’année, le différentiel de valorisation entre le MSCI Emerging Markets et le MCSI All Countries World Index reste supérieur à 30% ! Les investisseurs ont donc tout intérêt à se positionner sur les entreprises cotées, issues de ces marchés émergents, à condition de se concentrer sur des valeurs évoluant elles-mêmes sur des secteurs en croissance structurelle.
Au niveau géographique, les situations restent très contrastées selon les pays. Depuis 2023, Taïwan et la Corée du Sud profitent, par exemple, du boom de l’intelligence artificielle grâce à leur positionnement dans les semi-conducteurs de pointe. Les entreprises innovantes qui intègrent la « supply chain » de TSMC offrent notamment des perspectives de croissance remarquables.
En revanche, le Mexique et le Brésil ont déçu les investisseurs en 2024, principalement en raison de considérations politiques. La tendance à la relocalisation des activités industrielles de l’Asie vers les Etats-Unis et ses voisins (nearshoring) avait commencé à porter ses fruits pour le Mexique. Mais la crise politique consécutive à un projet de réforme de la justice et l’élection de Donald Trump début novembre avec ses menaces concernant l’instauration de tarifs douaniers et la limitation de l’immigration sont venues enrayer cette dynamique. Pour autant, le dynamisme de la croissance américaine reste un facteur de soutien pour la croissance mexicaine. En outre, l’élection de Donald Trump dont l’imprévisibilité risque d’accentuer les épisodes de volatilité devrait paradoxalement offrir de belles opportunités d’investissement en cas de repli.
Au Brésil, la croissance a été supérieure à 3% en 2024, au-dessus des attentes initiales mais les difficultés budgétaires rencontrées par le président Lula ont pénalisé la devise et les marchés brésiliens. Le risque inflationniste impose de maintenir une certaine prudence vis-à-vis de ce grand marché émergent.
L’Inde, un pari de long terme
Quant à la Chine, elle se trouve à la croisée des chemins. Le stimulus budgétaire et monétaire annoncé par les autorités pourrait être, s’il se concrétise, de bon augure pour redonner confiance aux ménages et permettre aux actions chinoises de reprendre le chemin de la hausse après une longue période de morosité. Mais s’il y a un marché émergent qui attire tout particulièrement notre attention, c’est incontestablement l’Inde.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, Narendra Modi a entrepris une série de réformes structurelles qui commencent seulement à porter leurs fruits et ouvrent la voie à un cycle de croissance de long terme. Le PIB réel pourrait ainsi croître de 6 à 7% au cours des cinq prochaines années (10 à 12% par an en croissance nominale). Les entreprises évoluant dans les secteurs liés aux infrastructures, à l’immobilier et à la consommation discrétionnaire pourraient connaître une croissance annuelle d’au moins 15-20% dans les prochaines années. L’assainissement des secteurs immobilier et bancaire a été une œuvre de longue haleine mais une entreprise nécessaire pour faire de l’Inde une terre d’investissement plus attractive. Les investisseurs pourront également s’intéresser aux valeurs de consommation discrétionnaire (dépenses non essentielles) alors que l’accroissement du nombre de ménages indiens aisés offre une bonne visibilité aux valeurs du luxe implantées en Inde, en particulier dans le secteur de la joaillerie.