A l'aube d'une révolution durable des actifs réels

Publié le 19 janvier 2023 à 9h23

Jeremy Anagnos    Temps de lecture 5 minutes

Les investisseurs soulignent de plus en plus les caractéristiques attrayantes des actifs réels, dans le climat économique actuel. Animées par des besoins essentiels – comme le logement, l’électricité, les transports et les communications – les activités relatives à ces actifs sont souvent monopolistiques, présentant des rendements contractés ou réglementés, qui fournissent une solide assise de stabilité en période de stress économique.

Notre société est confrontée à un certain nombre de défis irréfutables. Sur le plan économique, le choc inflationniste actuel – accéléré par l’invasion de l’Ukraine par la Russie – continue de menacer les consommateurs et l’industrie qui traversent l’hiver dans l’hémisphère nord. Sur le plan environnemental, on nous rappelle constamment l'impact du réchauffement planétaire et des changements climatiques, avec une fréquence et une gravité accrues des inondations côtières, des sécheresses et des incendies de forêt.

Afin de réduire la dépendance aux combustibles fossiles et l'utilisation de l'énergie, nous devons en toute logique intensifier la production d'énergie renouvelable et alternative. Il est impératif d’identifier les leaders durables dans l’univers des actifs immobiliers – englobant à la fois les infrastructures et l’immobilier – pour mettre en œuvre des changements à court et à long terme.

Les entreprises d’investissement en actifs immobiliers sont à l'avant-garde de l'initiative « net zero », en soutenant des initiatives écologiques telles que l'installation de fermes solaires, la modernisation des lignes de transmission et l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments. Par exemple, les systèmes de bâtiments intelligents peuvent réduire considérablement la consommation d'énergie. Dans le domaine du logement durable, les techniques et matériaux de construction écologiques, ainsi que les appareils innovants, peuvent réduire la consommation d'énergie de 33 % en moyenne.

Même si les secteurs des infrastructures et de l'immobilier sont aujourd'hui responsables de la moitié de toutes les émissions de carbone, ils représentent près des trois quarts des dépenses actuelles en capital pour des initiatives mondiales à faible émission de carbone. Bien que la transition verte soit synonyme d’un avenir plus sain et plus prospère, la durabilité n’est plus le seul moteur du changement – puisque la crise énergétique actuelle démontre clairement la logique économique de repenser le statu quo. Heureusement, l'innovation technologique, capable de soutenir l'évolution, est à portée financière.

Un besoin en investissements de 130 000 milliards USD  

Les investisseurs soulignent de plus en plus les caractéristiques attrayantes des actifs réels, dans le climat économique actuel. Animées par des besoins essentiels – comme le logement, l’électricité, les transports et les communications – les activités relatives à ces actifs sont souvent monopolistiques, présentant des rendements contractés ou réglementés, qui fournissent une solide assise de stabilité en période de stress économique. En outre, la grande majorité des actifs réels ont la capacité de répercuter les hausses de prix – c'est pourquoi ce segment a historiquement surpassé les actifs boursiers traditionnels pendant les périodes d'inflation.

Le besoin en investissements pour que les infrastructures et les actifs immobiliers existants puissent répondre aux enjeux sociétaux devrait atteindre 130 000 milliards USD au cours des trois prochaines décennies. A titre d’exemples, cet univers regorge d’entreprises convaincantes en matière de gestion environnementale, sociale, ou bien positionnées pour participer à la transition énergétique. C’est notamment le cas de National Grid, propriétaire de réseaux de transmission d'électricité au Royaume-Uni, à la pointe de la gestion environnementale. Entre 2022 et 2026, National Grid a prévu un plan d'investissement de 30 à 35 milliards de livres sterling pour répondre aux objectifs « net zero » du Royaume-Uni.

 Autre exemple, le groupe portugais de services publics électriques EDP, efficace dans l'innovation au profit de la décarbonisation. Il s’agit d’un des plus grands développeurs d'énergie renouvelable au monde, générant 24,7GW, qui dessert neuf millions de clients. EDP a actuellement un objectif de capacité d'hydrogène de 1,75GW d'ici 2030, alors qu'il maintient son objectif d'abandonner toute la production de charbon d'ici 2025, pour fonctionner avec une capacité renouvelable de 100% d'ici la fin de la décennie.

Enfin, dans le domaine social, l’entreprise américaine Ventas qui opère dans l’immobilier de santé compte 1 200 établissements aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Ventas est en mesure d’apporter des réponses aux besoins croissants en capacités de soins de santé, à l’enjeu du développement de centres médicaux, mais aussi à celui du développement de logements adaptés au vieillissement de la population. Notons que la population âgée des Etats-Unis connaît une croissance significative, face à laquelle l’offre globale de logements pour seniors a chuté de 66% dans le pays depuis 2017 ! En somme, les planètes semblent bel et bien alignées pour que les actifs réels s’imposent structurellement au cœur des portefeuilles diversifiés des investisseurs. 

Jeremy Anagnos Gestionnaire de portefeuille de la stratégie Global Listed Infrastructure ,  Nordea AM

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