Accompagner la décarbonation des grands acteurs de l’économie : une stratégie gagnante

Publié le 25 juillet 2024 à 10h00

François Dossou    Temps de lecture 4 minutes

Une stratégie d’investissement bas carbone consiste à identifier les entreprises susceptibles de tenir leurs engagements en matière de décarbonation. Une approche créatrice de valeur à long terme.

La dynamique de réduction de l’intensité carbone d’une entreprise est un facteur clé de sa stratégie de transition énergétique. Analyser et sélectionner les entreprises à travers ce prisme permet de bien identifier les bons élèves et de contribuer à encourager les groupes cotés à améliorer leurs pratiques. Une stratégie d’investissement bas carbone n’a pas pour objectif de se limiter à identifier les entreprises les plus faiblement émettrices. L’enjeu de décarbonation de l’économie passe, à l’inverse, d’abord par la décarbonation des activités les plus carbo-intensives. La démarche est structurellement multisectorielle. Les investisseurs ne doivent pas se détourner a priori de ces secteurs, qui ont nécessairement une utilité dans notre société. Mais ils doivent se montrer exigeants, jouer leur rôle d’actionnaires responsables et écarter les acteurs dont la stratégie de décarbonation n’est pas suffisamment avancée. En amont cependant, des entreprises dont le modèle économique est incompatible avec un objectif de décarbonation – en particulier du fait de l’importance de leurs activités dans la production de charbon et de pétrole non conventionnels – sont à écarter. 

Des objectifs ambitieux et crédibles

L’approche, d’abord quantitative, repose sur l’analyse de l’intensité carbone d’une entreprise, soit le nombre de tonnes de CO2 par million d’euros de chiffres d’affaires. D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’intégrer la politique climat des entreprises en évaluant les politiques, les objectifs, les mesures mises en place ainsi que les résultats obtenus. L’ambition de ces objectifs et leur crédibilité sont déterminantes. Ils sont d’autant plus crédibles s’ils sont validés par SBTi, l’initiative Science Based Targets, qui vise à s’assurer de l’adéquation des objectifs de réduction des gaz à effet de serre des entreprises avec les données des sciences du climat et de leur compatibilité avec l’objectif de 1,5 °C de réchauffement maximum issu de l’Accord de Paris. L’importance des investissements (Capex) d’une entreprise réalisés à des fins de réduction de l’intensité carbone de son activité est un indicateur particulièrement éclairant. 

Se prémunir contre la remise en cause de son modèle économique

Dans le cadre d’une gestion de portefeuille active, l’analyse de la dynamique de réduction des émissions carbone des entreprises du portefeuille est essentielle et dans ce contexte, elle consiste à s’assurer que les objectifs sont bien tenus ! Les différentes étapes de la feuille de route sont scrutées afin de juger si la trajectoire de décarbonation est bien conforme aux engagements. Elle est aussi jugée au regard de celles des acteurs d’un même secteur, et une décision de désinvestissement peut être prise si une autre entreprise du même univers parvient à combiner une politique plus offensive dans ce domaine avec aussi des résultats financiers de qualité. Le gérant cherchera en effet à améliorer chaque année l’intensité carbone de son portefeuille tout en offrant une performance satisfaisante aux investisseurs finaux, en ligne, voire supérieure à celle des marchés actions européens. Au-delà de notre conviction à l’origine de nos choix d’investissements, nous avons montré que cette stratégie en faveur de la décarbonation de l’économie privilégiant les entreprises les plus actives dans la prise en compte des enjeux climatiques est créatrice de valeur. A l’inverse, les entreprises les plus passives ne seront pas armées pour affronter les évolutions réglementaires, mais aussi les risques induits par le changement climatique et verront leur modèle économique remis en cause. A moyen terme, il est nécessaire d’adopter cette approche de manière rigoureuse et donc d’intégrer systématiquement l’enjeu climatique, quelle que soit la stratégie de gestion. L’enjeu, en tant qu’investisseur responsable et durable, doit être de réduire l’empreinte carbone de tous les investissements et d’adopter une approche calibrée en fonction de l’objectif de chaque investisseur. n

François Dossou directeur de la gestion actions ,  Sienna IM

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