Banques : A l’Est, du renouveau
À une époque où les spreads entre les banques des pays de l’Europe périphérique et celles du cœur de la zone se resserrent, les investisseurs se lancent à la recherche d'alternatives prometteuses. Les obligations émises par les banques d'Europe centrale et orientale (ECE) pourraient bien tenir ce rôle : elles constituent en effet une option attrayante, alliant qualité de crédit et potentiel de rendement, sans compromettre le risque moyen des portefeuilles qui les porteraient.
Le secteur bancaire des ECE, au premier chef desquels la Pologne et la République tchèque, représente environ 5 % des actifs bancaires de l'Union européenne. Dotées d’actifs de qualité, bien capitalisées et profitables, ces banques s'inscrivent en outre dans des économies émergentes en pleine croissance, tout en bénéficiant du cadre institutionnel de l'UE. Bien que des risques politiques et géopolitiques demeurent, la majorité d’entre elles ont absorbé les pressions réglementaires et continuent d'afficher de bons résultats.
Actuellement, environ 30 banques de la région ont émis près de 100 obligations en euros, dont deux tiers jouissent d’une notation, attirant ainsi les investisseurs internationaux. Les obligations vertes, sociales et durables (GSS) émises par ces banques, bien que présentant un ratio d’éligibilité d’environ 45 %, se rapprochent des standards européens grâce à l'adoption de critères de la taxonomie verte de l'UE.
La réglementation européenne, notamment le ratio d’exigence minimale de fonds propres et passifs éligibles (MREL), les a incitées à émettre des instruments senior, créant une dynamique favorable pour les obligations existantes. À court terme, cette dynamique pourrait encore renforcer l'attractivité des obligations d'ECE, surtout dans un contexte où la majorité des besoins d'émission réglementaires sont déjà satisfaits.
Ce profil explique aussi l'intérêt croissant des banques d'Europe de l'Ouest pour le marché d'ECE. Par exemple, les banques baltes affichent des spreads plus larges que ceux de leurs homologues italiennes et espagnoles, jusqu'à 95 points de base de prime. Les obligations senior tchèques, telles que celles émises par Moneta Money Bank, présentent, elles aussi, un différentiel de spread intéressant.
Les perspectives économiques des banques d'ECE apparaissent également porteuses. Avec une croissance du PIB prévue pour être deux fois plus rapide que celle de l'UE, la demande de crédit se trouve en plein essor, soutenue par des programmes de développement de l'UE. Les banques de la région, intermédiaires pour ces fonds, occupent donc des positions idéales pour bénéficier de cette trajectoire économique.
Cependant, chaque pays présente ses spécificités. République tchèque et Slovénie affichent notamment des PIB par habitant parmi les plus élevés de la région. Roumanie et Hongrie, certes plus vulnérables politiquement, montrent des fondamentaux robustes, notamment grâce à un haut degré de propriété étrangère et à l'implication de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) en tant qu'investisseur.
Enfin la Pologne, avec son secteur bancaire fragmenté mais dominant, fait face à des défis liés à l'intervention gouvernementale, mais reste performante du fait de fortes capacités numériques et de perspectives de croissance là encore favorables. Malgré un paysage politique complexe, les banques polonaises génèrent une bonne rentabilité, assise sur une efficace gestion de leurs structures de coûts.
En somme, les banques d'ECE représentent une opportunité à explorer. Leur solidité financière, associée à un cadre réglementaire incitatif et à des rendements attractifs, offre aux investisseurs la possibilité de diversifier leurs portefeuilles tout en minimisant le risque. À l'Est, l'avenir s'annonce prometteur ! et les investisseurs avisés devraient considérer les banques de la région comme un choix stratégique pour leurs portefeuilles obligataires.