Défense européenne, il faudra baisser les boucliers !

Publié le 20 mars 2025 à 10h03

Olivier Malteste    Temps de lecture 3 minutes

La rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump a été un électrochoc pour les Européens. Face à la remise en question du soutien américain, l’Europe a su réagir rapidement. Mais, comme souvent, la mise en œuvre dépendra de la volonté de tous les acteurs.

En quelques jours, la souveraineté européenne en matière de défense est devenue une priorité absolue. Ursula von der Leyen a ainsi dévoilé un plan ambitieux de 800 milliards d’euros pour renforcer la sécurité de la zone euro et soutenir l’Ukraine. Pour financer cet effort, les règles budgétaires seront notamment temporairement assouplies, permettant aux États d’augmenter leurs dépenses militaires sans être contraints par la procédure de déficit excessif.

Mais l’investissement public ne suffira pas. Rapidement, les pouvoirs publics ont souligné la nécessité de mobiliser l’épargne privée, un sujet qui suscite autant d’inquiétudes que d’intérêt.

D’un côté, certains épargnants redoutent que le “fléchage” de l’épargne se transforme en simple “chapardage”, une crainte déjà apparue lors des débats budgétaires récents. De l’autre, de nombreux investisseurs nous sollicitent afin de savoir comment soutenir la souveraineté européenne à travers leurs placements. Logiquement, l’industrie financière s’organise pour répondre à cette demande.

Ainsi, jusqu’à récemment, seuls quatre ETF spécialisés dans la défense étaient disponibles en France. Mais avec l’engouement des investisseurs, de nouveaux acteurs s’apprêtent à rejoindre VanEck, HANetf, iShares et Invesco. Le dernier venu, WisdomTree, propose notamment une solution réservant son univers d'investissement aux entreprises européennes. Et d’autres suivront : face à la demande croissante, l’offre va rapidement sortir des tranchées.

Pourtant, jusqu’à récemment, l’armement était persona non grata dans les portefeuilles ESG et chez de nombreux assureurs. Si l’interdiction concernait en théorie uniquement les armes controversées comme les mines antipersonnelles, les armes biologiques et chimiques, le principe de précaution a conduit à un rejet global du secteur pour éviter toute polémique.

Aujourd’hui encore, il est plus simple d’investir dans la défense via un compte-titres bancaire que dans une assurance-vie, l’enveloppe pourtant privilégiée par les Français. C’est ce que nous sommes contraints de faire pour le moment.

Les lignes bougent néanmoins rapidement. Même les indices dits verts doivent se mettre au vert feuillage des treillis. Ainsi, Euronext avait décidé d’exclure Airbus, Safran et Thales de l’indice CAC40 ESG en raison de leur activité dans l’armement. Sous la pression politique, médiatique et des entreprises elles-mêmes, cela ne sera finalement pas le cas.

Le ministre de l’Economie et des Finances Éric Lombard a bien compris cette problématique. Le 20 mars, il a convoqué assureurs et banquiers à Bercy pour les inciter à assouplir leurs contraintes. À l’heure où j’écris ces lignes, l’issue de cette réunion est encore inconnue. Mais une chose paraît sûre : face à l’enjeu stratégique, l’État ne peut pas se permettre de battre en retraite.

Olivier Malteste directeur de la gestion ,  Yomoni

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