Dette émergente : la classe d’actifs que les investisseurs ne peuvent plus ignorer

Publié le 1 octobre 2025 à 15h52

Michael Vander Elst    Temps de lecture 4 minutes

Jadis considérée comme un pari risqué, la dette émergente s’est muée en classe d’actifs incontournable : rendement, diversification, maturité… elle concentre aujourd’hui des atouts précieux pour les investisseurs.

Les investisseurs institutionnels comme privés sont confrontés à un paradoxe : les bilans d’entreprises restent solides, mais les actifs dits « sûrs » rapportent peu une fois l’inflation et la fiscalité prises en compte. Face à ce manque d’alternatives, la dette des marchés émergents s’impose comme une solution crédible. Loin d’être une niche exotique, elle s’est profondément transformée au cours de la dernière décennie, avec des institutions renforcées, une base domestique d’investisseurs accrue et une profondeur de marché en expansion. Ces évolutions permettent aujourd’hui une meilleure résistance aux chocs financiers et une liquidité plus importante, renforçant ainsi la confiance des investisseurs et leur capacité à déployer des stratégies diversifiées.

Certains facteurs en particulier justifient aujourd’hui d’y consacrer une part mesurée des portefeuilles, chacun contribuant à un profil de rendement plus stable et résilient.

Rendements et diversification : deux atouts majeurs

Le premier avantage tient dans les rendements offerts. Les obligations émergentes, qu’elles soient en devises fortes ou locales, procurent une prime substantielle par rapport aux obligations des marchés développés. Les devises locales ajoutent une source supplémentaire de gains, notamment lorsque les monnaies sous-évaluées s’apprécient avec l’amélioration des fondamentaux économiques. Cette double source de performance – revenu et appréciation monétaire – permet de capter à la fois des flux stables et des opportunités de plus-value.

Au-delà du rendement, ces obligations constituent un outil puissant de diversification. Elles réagissent à des facteurs souvent décorrélés des actions mondiales ou des taux des marchés développés : inflation domestique, exposition aux matières premières ou dynamiques politiques propres. La combinaison de dettes en devises fortes et locales crée un équilibre intéressant, offrant à la fois des flux de trésorerie en devises fortes et une sensibilité aux politiques économiques locales. Un portefeuille structuré sur plusieurs régions et types d’instruments permet de réduire la volatilité et d’augmenter la robustesse globale face aux variations économiques internationales.

Une maturité qui change la donne et des facteurs politiques et monétaires favorables

L’argument en faveur de la dette émergente ne se limite pas aux chiffres de rendement. La croissance économique plus soutenue qu’en Europe ou aux États-Unis, des réformes structurelles renforçant la productivité et une discipline budgétaire accrue ont contribué à améliorer les profils de crédit. Ces évolutions, souvent reconnues tardivement par les agences de notation, génèrent des opportunités pour les investisseurs attentifs et permettent d’anticiper les ajustements de marché avant qu’ils ne soient intégrés dans les prix.

Parallèlement, l’inflation reflue dans plusieurs régions, laissant aux banques centrales une marge de manœuvre pour assouplir leurs politiques monétaires. Les courbes de taux locales en profitent, ouvrant la voie à de nouveaux gains en capital. La dimension politique joue également un rôle déterminant : stabilité budgétaire, indépendance des banques centrales et ouverture commerciale peuvent rapidement renforcer la confiance des marchés, diminuer les coûts de financement et accroître la visibilité pour les investisseurs.

Un marché porté par l’appétit mondial et transformé

Enfin, l’appétit croissant des investisseurs mondiaux agit comme catalyseur. Fonds souverains et gérants institutionnels augmentent leur exposition, améliorant la liquidité, soutenant les prix et réduisant le coût de financement pour les émetteurs. Cette dynamique crée un cercle vertueux où la demande et la performance se renforcent mutuellement, rendant cette classe d’actifs plus robuste face aux turbulences.

En définitive, la dette des marchés émergents a changé de nature. Elle n’est plus synonyme d’instabilité mais de rendement durable, de diversification et d’opportunités structurelles. Avec une sélection rigoureuse et un suivi attentif des risques, elle peut jouer un rôle stratégique dans les portefeuilles modernes, à l’heure où rares sont les classes d’actifs offrant encore un couple rendement-risque aussi équilibré. Les investisseurs qui comprennent ces mécanismes peuvent ainsi profiter de cette classe d’actifs mature et tirer parti de son potentiel sur la prochaine phase du cycle économique.

Michael Vander Elst Fund Manager EMD ,  DPAM

Chargement en cours...

Chargement…