Infrastructures non-cotées : une classe d’actifs porteuse et résiliente

Publié le 11 janvier 2023 à 16h40

Maxime Defasy    Temps de lecture 5 minutes

Parfois éclipsés par l’immobilier, les fonds d’infrastructures méritent pourtant une place aussi importante dans les portefeuilles des clients. Face à l’endettement croissant des Etats et les besoins considérables d’investissement, ces fonds en croissance devraient encore fortement progresser dans les années à venir, armés contre les différents défis macroéconomiques.

Selon l’OCDE, les besoins d’investissement en infrastructures représentent aujourd’hui pas moins de 6 000 milliards d’euros par an, et ce d’ici 2030. Un secteur qui séduit tant les institutionnels que les particuliers. En atteste la consolidation de la demande : en 2011, les fonds géraient environ 200 milliards de dollars d’actifs dans cette catégorie, contre 800 milliards de dollars en 2021. Depuis 2019, la part d’actifs axés sur les infrastructures a de plus progressé de 5 points dans le Private Equity. D’après la base de données Preqin, ces encours devraient poursuivre leur trajectoire haussière pour atteindre 1 800 milliards de dollars en 2026, soit une augmentation de 125% sur les 5 prochaines années. Un stade auquel les infrastructures non cotées supplanteraient l’immobilier au sein des actifs réels.

En effet, les infrastructures se trouvent par définition au croisement de questions sociales et environnementales, soit d’innombrables gisements de valeur pour porter la croissance du secteur. Les structures à bâtir (Greenfield), par exemple, doivent l’être selon des prérequis durables, et les infrastructures existantes (Brownfield) doivent souvent faire l’objet de rénovations pour être mises aux normes. L’agence internationale de l’énergie estime ainsi que pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, des investissements à hauteur de 3 500 milliards de dollars par an pendant 30 ans seraient nécessaires. Cette classe d’actifs s’inscrit donc au carrefour de nombreuses mégatendances pour accompagner les besoins des populations d’ici à 2030, dont est visé tout particulier le développement durable (infrastructures d’énergie, rénovation thermique, etc.), l’essor du digital (data centres, câblage de fibre, etc.), ou encore les trajectoires démographiques (logement, transports, etc.). Autant de pistes pour un potentiel de rendement fort, sans entraîner de hausse des risques en retour.

Des fonds résilients dans le contexte actuel

Cette attractivité peut s’expliquer par la forte résilience des infrastructures face à la plupart des défis globaux. En effet, le rendement de ces investissements provient des loyers perçus pour leur exploitation et de l’appréciation du capital. Or, ce loyer peut être indexé sur l’inflation afin d’en absorber les chocs, d’autant que les infrastructures subissent la hausse des coûts de plein fouet pour ce qui est de l’énergie et des matières premières. Les sous-jacents de ces activités sont pour leur part financés selon des contrats à taux fixe, ce qui constitue une protection supplémentaire contre la hausse des taux.

Ces revenus sont de plus récurrents : un atout rassurant dans un contexte d’incertitude économique. Ils dépendent d’ailleurs de contrat à très longues échéances, et souvent renouvelables sur la base de clauses « all or nothing ». Il s’agit donc d’une classe d’actifs à faibles risques dans la mesure où elle est axée sur le long-terme et sur des services essentiels aux usagers, souvent encadrés par les pouvoirs publics. On observe en conséquence une faible corrélation aux tendances macroéconomiques et une volatilité moindre.

C’est sans compter sur les barrières à l’entrée du secteur, suffisamment élevées pour capturer des situations oligopolistiques sur les marchés. Celles-ci incluent les délais et les coûts de construction et d’entretien, sans négliger les différents permis nécessaires, l’espace bâtissable disponible ou encore la concession de marchés publics.

Identifier les stratégies gagnantes

Pour allouer ces flux entre différents sous-segments aussi disparates que l’énergie, les transports, les télécoms, les structures sociales et les services aux collectivités, les fonds d’investissement spécialisés ont un rôle primordial à jouer. Cette dynamique de consolidation de la demande en capitaux explique ainsi l’éclosion de nombreux fonds d’infrastructures au sein des principaux gestionnaires d’actifs sur la dernière décennie. Ils proposent pléthore de stratégies s’inscrivant dans les tendances de marché : investissement dans les projets Greenfield, c’est-à-dire les infrastructures pas encore bâties ou au contraire dans le Brownfield, soit les projets déjà matures. Les investisseurs doivent dès lors faire leur choix dans un panel d’approches mêlant gestion Core, Core +, sélection par sous-secteurs et par géographie, ouverture des fonds, espérance de rendement et niveau de risque, etc.

Les fonds d’infrastructures sont donc incontournables pour organiser la transition de nos économies vers des modèles plus vertueux et en phase avec les évolutions rapides de nos sociétés. Ils viennent seconder des Etats endettés qui ne peuvent assurer seuls ces investissements massifs. Il y a des dynamiques qui garantissent ainsi la pérennité du secteur, et appellent à se saisir dès maintenant des opportunités à venir. Les investisseurs privés peuvent pour cela profiter de tickets d’entrée plus accessibles qu’auparavant, à partir de 10 000€, et d’une liquidité accrue par le biais des fonds Evergreen.

Maxime Defasy Directeur des investissements ,  Althos

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