La dette privée infrastructure : attractivité accrue et nouvelles exigences des investisseurs
La classe d’actifs, grâce à son caractère défensif et résilient, ne manque pas d’attrait. Toutefois, les investisseurs institutionnels nourrissent des exigences spécifiques à son égard, que les gérants d’actifs doivent être en mesure de satisfaire.
La forte hausse des taux d’intérêt en 2023 a quelque peu rebattu les cartes pour la classe d’actifs dette privée infrastructure. En absolu et eu égard à l’effet dénominateur, les investisseurs institutionnels y ont consacré moins de capitaux ces derniers mois au profit d’actifs liquides. Mais la dette infrastructure a gagné en attractivité relative, voyant son rendement ajusté au risque sensiblement revigoré.
Rappelons qu’il se construit à partir du taux d’intérêt, plus une marge de crédit. A la faveur de taux d’intérêt désormais ancrés sur un plateau élevé, le rendement proposé par la dette privée infrastructure correspond à ceux servis, il y a environ dix-huit mois, par les actifs d’infra equity « core » : les niveaux avoisinent aujourd’hui 5 à 6% par an sur la dette senior et sont compris entre 8 et 10% pour de la dette junior, des perspectives robustes pour une classe d’actifs historiquement perçue comme « défensive »*. Ce potentiel de valeur relative devrait permettre à l’instrument dette de gagner peu à peu en pondération aux côtés de l’infra equity et autres actifs réels, au sein des poches non cotées des portefeuilles.
Primes de complexité, d’illiquidité et enjeux extra-financiers
Pour autant, les investisseurs institutionnels nourrissent des exigences spécifiques à l’égard de la dette privée infrastructure, que les gérants d’actifs doivent être en mesure de satisfaire : délivrer la promesse d’une prime de complexité et d’une prime d’illiquidité, ce qui représente la proposition de valeur fondamentale de la classe d’actifs. Cela, dans un environnement marqué ces derniers mois non seulement par le ralentissement des opérations de refinancement et de fusions-acquisitions, mais aussi par des délais plus longs dans la réalisation des opérations, en raison de l’adaptation des parties-prenantes aux nouvelles conditions macroéconomiques.
L’un des enjeux pour les spécialistes de la classe d’actifs demeure donc l’animation du sourcing en vue d’entretenir un pipeline fourni et diversifié de transactions. De ce point de vue la nouvelle « révolution industrielle » que constitue la transition énergétique recèle des opportunités inédites, qu’il s’agisse de financer des infrastructures de décarbonation, d’électrification ou d’efficacité énergétique. En novembre dernier, la Commission européenne annonçait un plan de modernisation des réseaux électriques de l’UE en vue du déploiement des énergies renouvelables, dont les besoins d’investissement avoisineront 600 milliards d’euros d’ici 2030.
Enfin, autres exigences, les décisions d’investissement dans la classe d’actifs sont quasi systématiquement conditionnées au respect de cahiers des charges extra-financiers sophistiqués et dont les objectifs sont normatifs. Les solutions d’investissement se doivent d’être conformes a minima avec l’article 8 du règlement SFDR, d’avoir de l’impact et de dispenser des reportings extra-financiers solides. Le tout sur la base d’une analyse ESG capable d’intégrer les externalités négatives.
L’ensemble de ces critères sont désormais « discriminants » parmi l’offre des gestionnaires d’actifs réels, ces derniers devant démontrer toute leur crédibilité, mais aussi leurs facultés d’innovation, tant sur le volet de la performance financière qu’extra-financière.
*source : LBP AM, données au 31/12/2023
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