La gestion quantitative permet de s’affranchir des biais propres à la gestion fondamentale

Publié le 28 février 2020 à 10h53    Mis à jour le 12 mars 2021 à 11h12

Jaimy Corcos et Louis Jambut

Comportement suiveur, difficultés à se remettre en question, trop grande proximité avec certaines entreprises, etc., de nombreux facteurs peuvent influencer négativement les choix d’investissement des gérants fondamentaux. La gestion quantitative propose, au contraire, des fonds épargnés par ces biais.

La gestion quantitative n’a pas toujours bonne presse. Une bonne décision d’investissement ne saurait résulter d’un programme informatique et d’un algorithme. Certains investisseurs préfèrent se fier à leurs intuitions, aux rumeurs du marché ou à une confiance parfois irrationnelle dans la valeur d’une entreprise ou de ses dirigeants. Ces comportements peuvent pourtant les conduire à prendre des décisions d’investissement souvent préjudiciables pour le client final. Or, la gestion quantitative offre un avantage de taille en permettant à l’investisseur d’éviter certains biais propres à la gestion fondamentale. 

Bien entendu, le modèle quantitatif doit prendre en compte certaines situations particulières propres à chaque valeur. Une société sous le coup d’une OPA obéira à un comportement boursier spécifique. S’il existe des stratégies de gestion quantitative très «agressives», certains modèles permettent au contraire à des épargnants souhaitant investir en Bourse mais avec une forte aversion au risque de minimiser l’effet de la volatilité des marchés sur leur portefeuille. Recourir à une stratégie quantitative permet, en règle générale, de se positionner sur des fonds dont le comportement, dicté par l’approche froide des modèles, est davantage prédictible face aux aléas des marchés.

Ces biais qui parasitent les prises de décision 

Parmi les biais répertoriés propres à la gestion fondamentale, celui de «l’affect» peut prendre une place importante. Un gérant reste humain, pouvant alterner périodes d’optimisme et de pessimisme et dont la vie personnelle peut avoir un impact sur sa gestion. Son «état d’esprit» peut ainsi influer de façon irrationnelle sur certaines décisions d’investissement et sur l’évolution et le comportement de son portefeuille. 

Un biais largement répandu consiste également à adopter un comportement suiveur. Quand l’heure est à l’euphorie ou à la déprime générale sur les marchés, le gérant peut avoir tendance à réagir dans le même sens que la plupart des acteurs, au risque de s’exposer, par exemple, sur des titres offrant une valorisation exagérément élevée.

En outre, il a été observé que les gérants fondamentaux excellaient, en moyenne, à justifier la hausse des cours mais pouvaient se révéler moins critiques dans leurs analyses suivantes. Ainsi, le gérant qui a acheté une valeur pour des raisons parfaitement justifiées éprouve parfois des difficultés à prendre en compte des informations nouvelles et à actualiser sa position initiale : fermer une position sur un titre ou un secteur peut s’avérer plus compliqué psychologiquement pour un humain que pour un algorithme, surtout si le «newsflow» devient très négatif. Nous sommes ici en présence d’un biais de confirmation. Certains gérants traditionnels peuvent, en effet, avoir tendance à «s’entêter» et prennent alors de mauvaises décisions qui ne sont pas dictées par une prise de recul sur la situation d’une entreprise et de son environnement de marché.

De même, un modèle quantitatif échappera au biais de familiarité. En effet, le gérant fondamental a parfois tendance à privilégier les entreprises dont il a une connaissance personnelle, celles dont il a pu approcher les équipes de direction à l’occasion de réunions ou d’événements divers et qui peuvent contribuer à limiter son jugement. Enfin, ce biais de familiarité va de pair avec le biais géographique. Les gérants fondamentaux ont logiquement tendance à évoluer dans un univers plus restreint qu’un gérant quantitatif qui a la possibilité technique de faire tourner un modèle englobant davantage de valeurs sur une zone géographique préalablement définie. 

Jaimy Corcos et Louis Jambut

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