L’absolute return obligataire, une réponse face à la volatilité des taux d’intérêt
A l’aube de 2025, les facteurs d’incertitude économique et géopolitique persistent. Alors que les taux d’intérêt ont traversé des séquences de volatilité élevée, une approche d’investissement flexible semble utile sur les marchés obligataires.
Les tensions au Proche-Orient et les récents développements du conflit russo-ukrainien ont réintroduit une prime géopolitique, tandis que la résilience de l’économie mondiale demeure disparate. Les Etats-Unis continuent d’y contribuer significativement quand la zone euro et la Chine affichent des perspectives de croissance modeste. Aux Etats-Unis, la victoire claire de D. Trump a apporté une forme de visibilité politique, mais n’a pas diminué les incertitudes pour l’économie. Les mesures qui seront mises en place par la nouvelle administration sont encore incertaines, dans leur ampleur et leur calendrier. Surtout, elles ne sont pas toutes positives d’un point de vue économique : si les politiques proposées sont évidemment pro-business aux Etats-Unis, ce qui a rassuré les marchés à court terme, elles sont clairement inflationnistes et haussières pour les taux d’intérêt.
En Chine, le plan de soutien à l’économie annoncé le 8 novembre a déçu les marchés : il se concentre sur la résolution de la dette des collectivités locales, mais ne comprend pas de mesures supplémentaires précises sur le soutien à la consommation et au secteur immobilier. Les autorités chinoises souhaitent probablement mesurer l’impact des mesures déjà prises, mais aussi jauger l’évolution de la politique américaine avant de prendre des décisions budgétaires plus importantes. Elles ont toutefois envoyé un signal aux marchés le 9 décembre, affirmant leur intention d’assouplir la politique monétaire en 2025.
De leur côté, la Banque centrale européenne (BCE) et la Fed ont renoué avec un cycle de baisse des taux directeurs en 2024. Toutefois, la Fed se montre plus prudente ces dernières semaines à propos de sa projection de baisse des taux directeurs. Ce changement de prisme vient davantage des données macroéconomiques que des orientations politiques possibles de l’administration Trump, avec notamment un taux d’inflation cœur à 3,3 % en octobre, encore bien au-dessus de la cible de la banque centrale, autour de 2 %. La prudence de la Fed devrait se traduire par des baisses de taux plus limitées l’année prochaine, pour atteindre un taux terminal proche de 3,50 % à fin 2025 contre 4,75 % aujourd’hui.
La BCE devrait conserver son rythme de baisse relativement rapide. La banque centrale est sensible aux risques sur l’activité économique maintenant que la normalisation des pressions inflationnistes est bien engagée. Nous tablons sur une baisse des taux de la BCE lors de chacune de ses réunions jusqu’à ce que le taux directeur revienne vers 2,0 % mi-2025.
Flexibilité, portage et bond picking
Dans ce contexte, les caractéristiques d’une gestion absolute return obligataire peuvent permettre de diversifier les moteurs de performance. Sans contrainte de référence à un indice obligataire, ce type d’approche flexible explore un très large univers d’investissement : obligations d’entreprises, titres d’Etat, obligations convertibles, instruments dérivés notamment. De quoi faciliter davantage de marges de manœuvre face à la volatilité des taux.
En termes de stratégie d’investissement, le portage des obligations d’Etat – leur détention jusqu’à échéance – paraît encore attractif, apportant une protection en cas de mauvaise surprise. Nous estimons aussi que les obligations d’entreprise de qualité investment grade conservent de solides fondamentaux dans cet environnement marqué par une croissance plus faible. Ces titres semblent encore offrir un potentiel de rendement ajusté au risque, avec des marges de crédit toujours protectrices.
Sur le plan sectoriel, les financières constituent un secteur clé à nos yeux. Nous conservons une part importante de nos portefeuilles investie sur des émetteurs bancaires dont les fondamentaux restent sains : niveaux de rentabilité relativement élevés, faibles taux de défaut. Nous apprécions les dettes les plus senior – c’est-à-dire dont le remboursement aux créanciers est prioritaire en cas de défaillance de l’émetteur – émises par des filiales locales de grands groupes bancaires européens, établies dans des pays périphériques.
Enfin, les stratégies de portage sur les titres à haut bêta, susceptibles de fluctuer plus fortement que l’ensemble du marché, peuvent permettre de capter un surcroît de rendement. Par exemple, des titres bancaires additional tier-one d’ancienne génération – les émissions récentes nous paraissant peu protectrices – ou des dettes hybrides corporate sur des calls courts.
En somme, un retour aux basiques, entre flexibilité, diversification et qualité des titres, est une bonne formule pour affronter les défis des marchés obligataires.