Le nouveau gouvernement encouragera-t-il les investisseurs à revenir au Royaume-Uni ?
Comme beaucoup s’y attendaient, le parti travailliste a gagné les élections législatives au Royaume-Uni avec une large majorité. Si les événements politiques modifient rarement le cours de l'économie mondiale et des marchés, un gouvernement travailliste donnera-t-il aux investisseurs une impression de « changement » suffisante pour les inciter à reconsidérer les actions britanniques jusque-là mal-aimées ?
Volatilité ?
Les élections et les référendums peuvent faire bouger le marché, mais à court terme seulement. Lors du référendum sur le Brexit, la volatilité de la livre sterling a grimpé à des niveaux jamais atteints depuis la crise financière de 2008. Cependant, la volatilité à court terme tend à se normaliser à moyen et long terme. Le « bruit » autour d'un scrutin est souvent l'occasion de tirer profit de dislocations à court terme, offrant un point d'entrée attrayant pour les investisseurs à long terme.
En cette année où le nombre de personnes se rendant aux urnes dans le monde est le plus élevé jamais connu dans l'histoire, l'incertitude politique risque de faire la une des journaux et d'inquiéter bon nombre d’investisseurs. Mais n’oublions pas que les événements politiques modifient rarement le cours de l'économie mondiale et des marchés.
Les indicateurs économiques -taux d'intérêt, chiffres de l'emploi, PIB- constituent des facteurs bien plus déterminants sur l’évolution du marché. Au fil du temps, la vie politique peut façonner l'orientation stratégique et culturelle d'un pays, se répercuter sur l'économie et les entreprises et à ce titre avoir un impact sur les marchés. Pour ces élections britanniques, le profil plus conservateur du gouvernement travailliste de Keir Starmer sur le plan budgétaire et sa volonté de faire preuve de stabilité signifient qu'il est peu probable que le résultat de ces élections modifient fondamentalement le marché des actions britanniques. Mais il est possible que la perception d'un « changement » encourage les investisseurs qui étaient en retrait jusque-là à reconsidérer le marché britannique – notamment en raison de ses valorisations comparées au reste du monde.
Quel impact pour l'économie ?
La chancelière de l'ombre, Rachel Reeves, a proposé peu de changements à la politique économique actuelle reconnaissant la nécessité d'une croissance économique après une longue période de stagnation.
Sous l'ancien leader Jeremy Corbyn, les politiques du parti travailliste avaient été qualifiées « d'anti business », mais à bien y regarder, il existe assez peu de différences entre les conséquences sur les marchés d'un gouvernement dirigé par les conservateurs ou par les travaillistes. Le nouveau gouvernement sera probablement contraint par le contexte économique global, la faible croissance et la nécessité d'augmenter les recettes, ce qui conduira à une politique budgétaire stricte. En outre, Rachel Reeves et Keir Starmer se sont mis dans une situation d’autant plus délicate au cours de leur campagne, qu’ils ont annoncé exclure d'éventuelles augmentations d'impôts1.
Après une période de volatilité prolongée, les investisseurs seront à la recherche d'un gouvernement capable d'assurer la stabilité et de reconnaître l’intérêt de capitaux privés pour les investissements nécessaires dans le pays - à condition que ces capitaux fournissent un rendement satisfaisant. La stabilité - si elle est assurée - pourrait être bénéfique au marché des actions britanniques, en particuliers dans un contexte d'incertitude en Europe et aux États-Unis.
Il est peu probable que les perspectives budgétaires actuelles évoluent de manière significative avec un parti travailliste au pouvoir. Mais une victoire du parti travailliste apportera, selon moi, quelques éléments positifs au marché britannique. Les travaillistes ont exprimé leur intention de renforcer les relations avec l'Union Européenne, ce qui devrait stimuler à la fois le PIB et l'offre. Des liens plus étroits pourrait contribuer à atténuer les effets du Brexit et susciter l’intérêt des investisseurs internationaux.
Source :
Le parti travailliste n'augmentera pas les impôts des travailleurs - Le parti travailliste, juin 2024