Le potentiel de création de valeur des SMID caps suisses
La croissance remarquée des petites et moyennes capitalisations suisses se reflète dans la performance de l’indice SPI Extra depuis deux décennies. De même, les valeurs moyennes helvétiques disposent d’atouts remarqués (pricing power, profil ESG etc.) pour continuer à séduire les investisseurs au cours des prochaines années.
Les sociétés suisses de petite et moyenne capitalisation cotées (SMID caps) surperforment depuis de nombreuses années le marché actions suisse au sens large. Depuis 2000, l’indice SPI Extra (SMID caps suisses) a ainsi affiché une performance totale de 454%, contre 231% pour le SPI (toutes capitalisations). La surperformance significative des SMID caps tient principalement à leur croissance supérieure en termes de chiffre d’affaires et de profits. Ceci a conduit à une nette amélioration de leur profil de création de valeur comme reflété par le différentiel entre leur rendement interne du capital investi (Cash Flow Return on Investment - CFROI®; source: Credit Suisse HOLT) et leur coût du capital. Cet écart, qui permet d’évaluer la capacité de création de valeur d’une entreprise, a connu une évolution plus favorable pour le SPI Extra que pour le SPI ces dernières années.
Les SMID caps suisses ont aussi montré une grande résilience depuis le début de la pandémie. Malgré un recul plus fort et une correction légèrement plus rapide dans des conditions de marché difficiles, le SPI Extra s’est vite repris et a largement surperformé le SPI depuis début 2020. De plus, la prime de valorisation des SMID caps suisses par rapport aux grandes capitalisations – qui est apparue en 2015 et a atteint des plus hauts supérieurs à 60% fin 2020 – a, depuis, diminué de moitié, à des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis le dernier trimestre 2018, une période particulièrement volatile. Cependant, la croissance des bénéfices moyenne attendue pour les SMID caps reste bien au-dessus de celle de leurs homologues de grande capitalisation, et la sous-performance actuelle du SPI Extra en comparaison du SMI (grandes capitalisations) pourrait donc fournir un point d’entrée intéressant.
Des leaders mondiaux sur des marchés de niche
Contrairement à nombre de SMID caps sur d’autres marchés, qui génèrent la majeure partie de leurs revenus au sein de leur région ou marché domestique, les SMID caps suisses ont toujours généré leurs revenus essentiellement en dehors du pays vu la taille réduite du marché national. Elles ont ainsi dû adapter leurs politiques commerciales face à la force du franc suisse. Beaucoup sont donc devenues, malgré leur taille parfois plutôt modeste, des leaders mondiaux dans leurs secteurs de niche respectifs, et ce en raison de leur focus continu sur l’innovation technologique et de leurs investissements en R&D. Ces positions de marché dominantes leur ont aussi conféré un pouvoir de fixation des prix considérable – un atout majeur dans l’environnement inflationniste actuel.
Si les investisseurs peuvent avoir facilement accès aux grandes capitalisations suisses au travers d’instruments passifs, il en est tout autre pour les SMID caps. En outre, ces dernières sont généralement moins bien connues de la communauté des investisseurs et peu couvertes par les analystes. Les gérants actifs peuvent ainsi profiter de vastes opportunités de création d’alpha sur ce segment.
Celui-ci est par ailleurs attractif en termes de considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), en particulier pour les investisseurs sensibles au changement climatique. En effet, les secteurs caractérisés par une forte intensité carbone, tels que l’énergie, les services de base («utilities») et l’industrie minière, représentent au total une pondération inférieure à 7% au sein du SPI Extra, et nombre de sociétés du secteur industriel, qui constitue la pondération la plus importante de l’indice, peuvent jouer un rôle déterminant dans la transition énergétique.
Les actions suisses, et surtout les SMID caps, apparaissent donc comme des segments très attrayants pour les investisseurs compte tenu de leur surperformance historique par rapport aux actions globales, ainsi que de leur profil ESG favorable, mais aussi de la vigueur du franc suisse et de la stabilité de l’environnement fiscal du pays.
Bettina Baur, est Gérante Actions suisses et globales à l’Union Bancaire Privée (UBP)