L’eau : un trésor négligé que les investisseurs redécouvrent
L’eau s’impose comme une thématique incontournable pour les investisseurs de long terme. Ceux-ci disposent de plusieurs leviers pour se positionner sur cette ressource vitale.
L’eau est à la base de toute forme de vie. Pourtant, son importance économique est encore trop souvent reléguée au second plan. Au-delà de son rôle vital, l’eau est une ressource stratégique dans l’économie mondiale. Face à une demande croissante et une raréfaction inquiétante, investir dans l’eau pourrait bien représenter l’une des opportunités les plus prometteuses de demain. Mais comment, concrètement, les investisseurs peuvent-ils en tirer parti ?
Beaucoup de produits renferment bien plus d’eau qu’on ne l’imagine. Par exemple, produire un seul kilo de bœuf nécessite jusqu’à 15 000 litres d’eau. C’est ce qu’on appelle l’eau virtuelle présente dans quasiment tous les biens et services. Les entreprises capables d’utiliser l’eau de manière plus efficiente ou qui développent des technologies innovantes pour en réduire la consommation prennent donc une place croissante sur le marché. C’est précisément dans ce domaine que se dessinent des opportunités d’investissement intéressantes.
Des investissements à fort potentiel dans les zones à ressources limitées
Les meilleures opportunités se trouvent dans les régions où l’eau est rare : le sud-ouest des États-Unis, l’Afrique du Nord ou certaines parties de l’Asie. Plusieurs entreprises spécialisées dans l’agriculture économe en eau (comme Deere, CNH ou AgCo) ou dans les systèmes d’irrigation intelligents (tels que Lindsay et Valmont) y sont déjà actives.
Par ailleurs, des technologies de réutilisation de l’eau, développées par des groupes comme Xylem ou Veolia, offrent des perspectives de croissance particulièrement attractives. Sans oublier les entreprises qui s’efforcent de réduire la consommation d’eau dans les chaînes d’approvisionnement technologiques, alimentaires ou textiles. Elles attirent elles aussi de plus en plus l’attention des investisseurs.
Comment investir dans le marché de l’eau ?
Les investisseurs disposent de plusieurs leviers pour se positionner sur le marché de l’eau. L’achat de droits d’eau permet, par exemple, de revendre ou de louer l’accès à cette ressource. Miser sur des terres agricoles riches en eau peut également s’avérer payant à long terme, à mesure que cette ressource prend de la valeur.
Mais le moyen le plus accessible reste l’investissement en actions d’entreprises cotées : celles qui œuvrent dans la technologie de l’eau, les services de distribution ou encore l’innovation agricole. De plus en plus d’investisseurs institutionnels se tournent vers les obligations vertes liées aux infrastructures hydriques. Le capital-investissement (private equity) dans les domaines de la réutilisation de l’eau ou de l’agritech connaît lui aussi une forte croissance, bien que les marchés publics restent les plus faciles d’accès pour la majorité des épargnants.
Selon les Nations Unies, la demande mondiale en eau dépassera l’offre de 40 % d’ici 2030. La Banque mondiale estime, quant à elle, que la pénurie d’eau pourrait coûter jusqu’à 6 % du PIB à certaines régions d’ici 2050.
Le marché de la gestion de l’eau et des eaux usées devrait atteindre plus de 650 milliards de dollars à l’horizon 2030. Les flux de capitaux orientés par des critères ESG (environnement, social, gouvernance), ainsi que les grands projets d’infrastructure, ne feront qu’accélérer cette croissance.
Les entreprises de distribution d’eau offrent généralement des rendements stables mais modestes, de l’ordre de 4 à 7 % par an. Les entreprises de technologie de l’eau, quant à elles, présentent un potentiel de rendement à deux chiffres, porté par l’innovation et une demande mondiale en forte hausse.
Des risques à ne pas négliger
Malgré les promesses, le secteur n’est pas exempt de défis. Les incertitudes réglementaires, notamment autour des droits d’eau, peuvent affecter les investissements. Par ailleurs, le rythme soutenu de l’innovation technologique rend certains placements, comme ceux dans l’irrigation intelligente ou le traitement de l’eau, plus risqués.
Les services de distribution d’eau, souvent gourmands en capitaux, sont sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt. Et bien sûr, le changement climatique ajoute une dose d’imprévisibilité sur la disponibilité de l’eau elle-même.
Face à ces enjeux, l’eau s’impose comme un pilier incontournable dans un portefeuille diversifié. Ressource vitale, elle est aussi devenue un vecteur de performance durable. Sa rareté croissante et la pression de la demande en font un terrain de jeu attractif pour les investisseurs à long terme.
Mikkel Nyholt