« Les stratégies alternatives offrent à nouveau des opportunités aux investisseurs en quête de diversification »
Dans un contexte de hausse des taux entraînant un «repricing» à la baisse des actifs financiers, les investisseurs peuvent s’intéresser aux stratégies alternatives décorrélées des indices.
L’inflation, que la plupart des économistes et les banques centrales pensaient encore provisoire en fin d’année dernière, s’est installée dans la durée. En effet, les tensions sur les matières premières ainsi que la politique ‘zéro covid’ en Chine, qui désorganise les chaînes d’approvisionnement et perturbe la fluidité des échanges, laissent présager une poursuite des tensions inflationnistes. L’inflation devrait ainsi se stabiliser à des niveaux durablement plus élevés qu’anticipé précédemment. En attendant, les marchés actions et obligataires s’adaptent à ce nouveau contexte plus difficile, marqué par la hausse des taux et la fin de l’argent gratuit. En Europe, les conséquences du conflit en Ukraine viennent ajouter un élément de difficulté pour les économies du Vieux Continent, qui dépendent davantage de l’approvisionnement en hydrocarbures de la Russie.
Ces dernières années, les politiques non conventionnelles des banques centrales (plans d’achats d’actifs) ont globalement entretenu les marchés de manière artificielle et encouragé le positionnement des investisseurs sur les actifs risqués. Toutefois, la fin de ces politiques accommodantes et le resserrement monétaire en cours entraînent un «repricing» des actifs risqués. La discrimination entre les émetteurs devient plus forte. Les entreprises en difficulté, qui bénéficiaient de conditions d’emprunt favorables, devraient désormais être à la peine pour se refinancer.
Les stratégies ‘macro systematic’ ont le vent en poupe
Pour les investisseurs, ce nouvel environnement volatil et plus discriminant se révèle, dans l’ensemble, plus propice aux stratégies alternatives décorrélées de l’évolution des marchés. Ainsi, les stratégies ’macro’ ont tiré leur épingle du jeu au premier trimestre, en particulier les stratégies ‘macro systematic’ (l’indice HFRI Macro: Systematic Diversified a progressé de 9,67%[1]). Ces dernières ont en effet pu générer des rendements attractifs grâce à des positions longues prises sur les marchés des matières premières (‘commodities’) et à des positions courtes sur les marchés obligataires ainsi que sur les marchés actions. Ces stratégies ont, à l’instar des stratégies ‘relative value’, démontré leur caractère défensif dans le contexte de marché chahuté.
D’un autre côté, les stratégies ‘equity long/short’ ont davantage souffert au premier trimestre (l’indice HFRI Equity Hedge Total a reculé de 4,1%1), alors que les stratégies ‘credit & event-driven’ ont généralement plutôt bien résisté vu l’environnement de marché (l’indice HFRI Event-Driven a cédé 1,42%1). Il existe cependant plusieurs types de stratégies ‘long/short’ avec des degrés de sensibilité aux actions plus ou moins forts. A ce titre, les stratégies ‘market neutral’ sont plus recherchées. A moyen terme, nous pensons toutefois que les stratégies ‘long/short’ (Equity & Credit) ainsi que les stratégies ‘macro systematic’ pourraient être source d’opportunités pour les investisseurs, compte tenu du contextede durcissement des politiques monétaires conduisant à un «repricing» à la baisse des actifs financiers, autour de leurs fondamentaux.
Les stratégies alternatives cherchent également à tirer profit des mouvements de ‘dislocation’ des marchés. Il s’agit ainsi de capturer tout au long de l’année une série d’écartements de spreads en dehors de toute position directionnelle. Un exemple ? Sur le marché des matières premières, en février 2022, la suspension de la cotation du nickel sur le London Metal Exchange (LME) – alors que la cotation du même métal se poursuivait sur le Shanghai Futures Exchange (SHFE) – a donné lieu, pendant une brève période, à un mouvement de dislocation offrant une réelle opportunité aux investisseurs.
Il est essentiel d’être bien conseillé avant d’établir une stratégie d’investissement alternative car la qualité des gérants est très hétérogène. Une sélection rigoureuse est la clé du succès dans notre industrie.
Fredrik Langenskiöld est Senior Investment Specialist à l’Union Bancaire Privée (UBP)