Lorsque les marchés obligataires défient tous les standards : faire preuve de créativité !

Publié le 11 mai 2021 à 15h06    Mis à jour le 14 mai 2021 à 9h47

Seema Shah, stratégiste en chef de Principal Global Investors (PGI)

Malgré des niveaux de taux extrêmement bas, synonymes de marchés obligataires jugés « chers » ces dernières années, une allocation en produits de taux conserve ses vertus dans les phases d’incertitudes économiques. Les conditions de marché sont si complexes qu’il faut sélectionner des stratégies spécifiques et robustes : contre-intuitivement, le compartiment High Yield peut s’avérer particulièrement protecteur, tandis que les obligations émergentes et les subordonnées financières demeurent attractives.

Jamais, les conditions des marchés obligataires n’auront été aussi complexes : croissance économique structurellement modeste, mutations démographiques et déséquilibres budgétaires, raréfaction des rendements… l’ensemble de ces enjeux font figure de véritable challenge pour les investisseurs. Et pour preuves, avec quelques données sans précédent. Le taux obligataire souverain américain à 30 ans est proche de 2,4%, bien en deçà de son point le plus bas observé lors de la crise de 2008, les spreads des titres Investment Grade sont inférieurs à 100 points de base tandis que ceux du compartiment High Yield avoisinent seulement 290 points. Pour capter du rendement, sélectionner des titres sur la partie longue de la courbe de taux ou des titres de qualité inférieure ne suffit donc plus !

Le segment High Yield, plus protecteur que les stratégies « barbell » traditionnelles

Comment les investisseurs peuvent-ils naviguer dans un monde sans rendement ? Il est tentant pour certains de mettre en œuvre des stratégies dites « barbell » qui combinent traditionnellement des titres obligataires dont les échéances sont opposées sur la courbe de taux, pour tenter de générer du rendement tout en compensant le risque de taux. Si cette stratégie a pu fonctionner au cours du dernier cycle de marché, elle est aujourd’hui de moins en moins efficace à mesure que les primes de terme tout comme les spreads se compriment, mais aussi face aux pics de volatilité.

Réduire la duration est une première réponse. Cela permet d’immuniser le portefeuille face à d’éventuels mouvements de taux brutaux à l’image de l’épisode du « Taper Tantrum » de la Fed, en 2013, qui a soudainement fait bondir les taux. Plus précisément, l’usage d’obligations « High Yield » a ses vertus puisque leur duration est proche de 3,8 années (contre 8,5 pour leurs pairs du compartiment Investment-Grade) ce qui rend ces titres moins sensibles au risque de taux. De façon assez contre-intuitive par rapport aux standards historiques, le « High Yield » apporte donc aujourd’hui davantage de stabilité et de diversification au portefeuille qu’une stratégie « barbell » classique. 

Explorer l’univers des obligations subordonnées 

Par ailleurs, une diversification en faveur des obligations émergentes libellées en devise locale offre aujourd’hui des primes de rendement attrayantes, compte tenu de l’affaiblissement continu du dollar américain. Les marchés émergents devraient profiter de la reprise économique mondiale et du renchérissement des matières premières à mesure de la sortie de crise sanitaire. Cet univers peut permettre aux investisseurs de tirer parti d’inefficiences de marché à l’échelle globale et regorge d’opportunités en dehors des marchés obligataires cœur où le rendement se raréfie.

Enfin, les obligations subordonnées financières constituent aussi une alternative attrayante. Ces titres hybrides dont les attributs sont comparables à ceux des actions, permettent d’améliorer les perspectives de rendement d’un portefeuille tout en réduisant sa corrélation aux marchés obligataires américains et globaux. Les subordonnées affichent un coussin de spread consistant tandis que l’environnement économique actuel leur est favorable : le secteur bancaire et financier, qui représente plus de deux-tiers des émetteurs sur ce segment, devrait continuer à être soutenu par les mesures de relance budgétaire des gouvernements, les plans d’investissement infrastructurels et le déploiement généralisé des vaccins contre la covid-19. Lorsque l’environnement de taux défie tous les standards historiques, les investisseurs n’ont d’autre choix que d’élargir leurs horizons. 

 

L’ensemble des données mentionnées sont arrêtées au 13 avril 2021. Pour en savoir plus sur cette analyse, retrouvez-nous sur www.principalglobal.com/knowledge/insights/strategies-navigating-unrecognizable-bond-market

Seema Shah, stratégiste en chef de Principal Global Investors (PGI)

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