Marchés boursiers : compenser la volatilité par la qualité
La volatilité des marchés se poursuit alors que le monde est confronté à une inflation croissante, à des hausses de taux d’intérêt, à la guerre en Ukraine, à des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et aux blocages de covid en Chine. Tous ces facteurs combinés exercent une pression à la baisse sur les marchés et une pression à la hausse sur les prix du pétrole et des matières premières.
Europe – Se positionner en vue d’une incertitude accrue
Les sources de volatilité sont évidentes : la guerre et l’inflation élevée. Les fabricants pourraient avoir du mal à s’approvisionner en énergie, quel qu’en soit le prix. Les banques centrales ont la lourde tâche de gérer l’inflation sans provoquer de récession.
L’Europe s’efforce d’accroître l’accès aux sources d’énergie alternatives, mais la transition prendra du temps et l’on parle déjà de rationnement du gaz en Allemagne. Même si le conflit en Ukraine finit par trouver une issue pacifique, l’Europe ne voudra plus être aussi dépendante de l’énergie russe à l’avenir.
La guerre et la crise énergétique ont également entamé la confiance des consommateurs en Europe. La situation a au moins l’avantage d’orienter un peu plus les dépenses publiques vers le déploiement de l’énergie verte, la défense militaire et l’aide aux réfugiés, alors que certains gouvernements ont annoncé des mesures pour alléger la facture énergétique. On constate par ailleurs une hausse de la demande du côté des consommateurs après les confinements induits par le covid, avec notamment un véritable boom des réservations de voyages pour la saison estivale.
Marchés émergents – Une exposition unique à des valorisations réduites
À l’heure du resserrement monétaire aux États-Unis, les devises émergentes tendent à s’affaiblir, hormis dans les pays qui relèvent également leurs taux. Quant à la hausse des prix des matières premières, elle n’est favorable que pour certains d’entre eux.
Mais les marchés émergents sont loin d’être aussi fragiles que par le passé. D’aucuns présentent même un budget et des comptes courants plus solides que certains marchés développés. Les pays émergents se négocient avec une décote par rapport à leurs homologues développés, et la pression accrue sur les actions émergentes a mis au jour de belles opportunités. La reprise post-pandémie est d’ailleurs bien plus engagée dans certaines économies émergentes. Qui plus est, leurs actions se négocient actuellement avec une décote de plus de 30 % par rapport aux marchés développés, un écart inédit depuis 2004.
En Chine, le risque réglementaire n’a pas complètement disparu. Cependant, dans des secteurs comme le commerce électronique, les investisseurs sont de plus en plus à même d’en quantifier l’impact et d’identifier les gagnants potentiels. Ce marché reste intéressant pour autant que l’on ne s’expose pas outre mesure aux entreprises et secteurs dans le collimateur du gouvernement.
La résilience est clé
La recherche de rendement s’annonce compliquée dans les années à venir. Si l’économie se détériore, ce qui n’est pas à exclure, et que les bénéfices s’avèrent moins bons que prévu, il faudra se tourner vers les entreprises affichant une croissance des bénéfices à toute épreuve. Les entreprises de qualité dotées de marges élevées sont en mesure d’absorber les hausses de coûts et l’inflation. Les investisseurs cibleront de préférence les entreprises bénéficiant d’avantages concurrentiels importants (propriété intellectuelle, marques fortes et bilans solides, notamment).
Ces derniers temps, les marchés ont oscillé entre les actions de momentum, qui ont bénéficié de mesures de relance inédites, et les valeurs de rendement, qui ont profité de la hausse des taux d’intérêt et des prix des matières premières. Mais à l’heure où les obstacles s’accumulent sur le plan économique, les entreprises de qualité peuvent permettre d’ancrer le portefeuille dans une stabilité bienvenue.
Matthew Benkendorf est CIO de Vontobel Quality Growth