Une analyse de Carlos de Sousa, Portfolio Manager chez Vontobel AM

Marchés émergents : une promesse de performances élevées en 2024

Publié le 31 janvier 2024 à 17h24

Carlos de Sousa    Temps de lecture 4 minutes

Le ralentissement économique attendu sur les marchés développés est susceptible d’affecter de nombreux grands marchés émergents en 2024, les effets différés de la politique monétaire restrictive continuant à se faire sentir.

Contrairement aux marchés développés, où les réductions de taux devraient débuter vers mi-2024, de nombreuses banques centrales des pays émergents réduisent leurs taux depuis plusieurs mois. En Amérique Latine et en Europe de l’Est, les hausses de taux ont commencé plus tôt et les effets d’une politique monétaire restrictive se sont fait sentir sur l’économie et la dynamique de l’inflation. Les banques centrales des marchés émergents devraient poursuivre leur cycle d’assouplissement progressif tout au long de l’année 2024, ce qui permettrait de soutenir les obligations en monnaie locale et d’alléger les conditions de financement local pour les sociétés émettrices, qui peuvent également se refinancer sur leurs marchés de la dette intérieur.

Les banques centrales des pays émergents n’ont pas besoin de suivre la Fed

Certains pourraient craindre la réduction des taux des banques centrales des pays émergents avant la Fed, pénalisant ainsi leur monnaie comme ce fut le cas lors du cycle de hausse de la Fed en 2018, quand plusieurs banques centrales émergentes ont refusé de suivre la Fed. Cependant, les obligations en monnaie locale ont généré, depuis le début de l’année, des rendements d’environ 10 %, démontrant que les banques centrales n’ont pas besoin d’évoluer au même rythme que la Fed pour que la classe d’actifs soit performante. Les pays émergents qui ont procédé à des hausses agressives en 2021 et 2022 réduisent leurs taux à un rythme raisonnable. L’inflation dépassant toujours l’objectif fixé, les autorités savent qu’une réduction agressive entraînerait des pressions sur le marché des changes. Les banques centrales devraient donc rester prudentes, au moins jusqu’à ce que la Fed commence ses réductions, ce qui devrait continuer à soutenir les obligations en monnaie locale des émergents.

De nombreux émetteurs High Yield (HY) des pays émergents retrouveront l’accès au marché

Les émetteurs « investment grade » sont généralement considérée comme le segment du marché qui bénéficie le plus de la baisse des taux sur les marchés développés, en raison de leur corrélation plus élevée avec les bons du Trésor US. Pourtant, au vu de la baisse des rendements des bons du Trésor US, de nombreux émetteurs HY devraient retrouver l’accès au marché dans le courant des douze prochains mois, créant ainsi un cercle vertueux, en l’absence d’une crainte de défaillance à court terme.

Depuis la pandémie, le cycle de défaillance des marchés émergents a pris plusieurs années sur celui des marchés développés, sans que cela ne soit satisfaisant jusqu’à présent. Les défaillances surviennent en général au début d’une crise, lorsque les entreprises et les États souverains voient leurs revenus chuter de façon spectaculaire. La Covid et la guerre en Ukraine ont déclenché de graves crises dans de nombreux pays, entraînant des taux de défaillance élevés au cours des quatre dernières années. Pour les pays qui ont réussi à éviter le défaut de paiement jusqu’à présent, il n’y a pas d’intérêt à le faire maintenant que la crise est terminée.

Des rendements prometteurs pour les marchés émergents

L’ensemble des obligations des pays émergents a subi des sorties de capitaux de 120 milliards USD ces deux dernières années. Le retour d’une partie de ces flux pourrait entraîner une nouvelle compression des spreads et des bénéfices sur le marché des devises émergentes. Comme pour les marchés HY développés, un ralentissement plus marqué, susceptible d'entraîner un élargissement des écarts, constituerait le principal risque. Là encore, le coussin de portage étant si élevé, il faudrait une très forte dégradation pour aboutir à des rendements négatifs.

Dans un scénario de récession sévère où les rendements du Trésor US pourraient chuter de 200 pb, par exemple, il faudrait que les spreads souverains des pays émergents s’élargissent de plus de 300 pb et les spreads des entreprises des pays émergents de 350 pb pour que les rendements soient négatifs. Si des épisodes aussi spectaculaires d’élargissement des spreads se sont produits pendant la crise financière mondiale et la pandémie de grippe aviaire, ils se sont avérés plutôt brefs.

Carlos de Sousa Portfolio Manager ,  Vontobel AM

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