Obligations émergentes : conserver une approche d’investissement sélective, face à un possible regain de volatilité
Le rebond précoce de l’économie chinoise offre des perspectives sur les marchés obligataires émergents. Mais les investisseurs doivent se montrer sélectifs alors que les marchés risquent d’affronter un surcroît de volatilité dans la perspective de l’élection présidentielle américaine.
Partie de Chine, l’épidémie de Covid-19 a entraîné l’économie mondiale dans une crise sans précédent. Mais l’Empire du Milieu est aussi le premier pays à avoir réussi à enrayer la propagation du virus et trouvé le chemin de la reprise dès le second trimestre, après une chute de 6,8 % de son PIB au premier trimestre. Mais la reprise, portée par la relance budgétaire, s’est révélée inégale, surtout tirée par l’industrie. Ce n’est que récemment que la reprise a commencé à s’étendre, avec les ventes de détail qui y ont dépassé en août, et pour la première fois cette année, le niveau mensuel observé un an plus tôt. Toutefois, l’économie chinoise ne sera pas en mesure, à court terme, d’entraîner les autres pays émergents dans ce rebond alors même que les tensions entre les Etats-Unis et la Chine sont amenées à perdurer et entraveront sa croissance potentielle. Au sein des autres grands pays émergents, l’épidémie est loin d’être contrôlée, malgré les mesures strictes de confinement prises dans toutes les régions du monde, notamment au Brésil et en Inde.
Dans ce contexte macroéconomique inédit, les marchés émergents ont toutefois prouvé leur capacité de résistance. C’est le compartiment investment grade (IG) des marchés émergents qui a enregistré les écarts de performance à la baisse («drawdown») les plus faibles au cours de la période de panique boursière de mars (10 %), devant le compartiment IG des marchés développés (12 %), alors que les actions américaines subissaient le recul le plus élevé sur la même période (34 %), devant les actions émergentes (33 %). Il faut de plus constater que pour les entreprises issues des pays émergents la croissance de l’endettement a été relativement maîtrisée. Au premier semestre 2020, les valeurs chinoises ont également été les seules à enregistrer une progression de leurs revenus d’une année sur l’autre.
Des fondamentaux solides malgré un contexte difficile
A court terme, les marchés émergents vont toutefois rester entravés par la situation économique, la hausse prévisible des déficits budgétaires et les possibles dégradations des notations de crédit. Par ailleurs, deux facteurs exogènes devraient peser négativement sur la tendance d’ici la fin de l’année : la volatilité attendue liée à l’incertitude de l’élection présidentielle américaine et la faiblesse des cours du pétrole qui pénalise tout particulièrement les pays producteurs d’hydrocarbures. Pour autant, les fondamentaux des marchés émergents restent bien orientés, alors que de nombreuses sociétés de ces pays disposent de bilans solides construits au cours des dernières années. La faiblesse actuelle du dollar profite aux valeurs émergentes et encourage leurs banques centrales à poursuivre des politiques accommodantes. En comparaison des autres classes d’actifs, les obligations émergentes offrent un meilleur couple rendement/risque.
Pour les investisseurs intéressés par la classe d’actifs émergente, il convient toutefois de privilégier sur le plan géographique les pays disposant de fondamentaux solides, en premier lieu la Chine, soutenue par le retour de la croissance. Le Pérou et le Chili pour l’Amérique latine ainsi qu’Israël au Moyen-Orient offrent par ailleurs respectivement les meilleures qualités de crédit aux investisseurs et un rendement ajusté du risque particulièrement attractif.