Petites et moyennes capitalisations : une fenêtre de tir dans une optique de moyen-long terme
Les petites et moyennes valeurs ont particulièrement souffert de la crise de liquidités consécutive à la remontée des taux, alors que le non coté bénéficiait à l’inverse de flux de souscriptions massifs . Ce segment de la cote dispose dès lors d’un potentiel important de valorisation à moyen-long terme, qui finira par se manifester à la faveur de la stabilisation attendue des taux d’intérêt et de la nécessaire convergence des multiples de valorisation.
Les temps ne sont pas simples, pour les petites et moyennes capitalisations. D’un côté, les perspectives de ralentissement économique ont amené les investisseurs à réévaluer à la baisse les trajectoires bénéficiaires de ces valeurs souvent plus cycliques que la moyenne et donc, leurs prévisions d’EBITDA. De l’autre, le nouveau régime de taux d’intérêt a grandement réduit l’appétit général pour le risque. En ont découlé un asséchement de la liquidité, un regain de volatilité et finalement, une nette sous-performance, notamment au regard des plus grandes capitalisations. Le large mouvement de décollecte constaté depuis plusieurs années à l’égard des fonds spécialisés témoigne du changement de perception des investisseurs à l’égard de ce segment de marché.
Le contraste est particulièrement frappant vis-à-vis du non coté, dont les flux de collecte massifs se sont accompagnés d’un renforcement continu des multiples de valorisation. En conséquence : à fondamentaux égaux, une PME ou une ETI non cotée se paiera souvent plus cher que son homologue cotée. La multiplication des opérations de retrait de la cote et d’OPA de la part de fonds de Private Equity montre bien que ce différentiel n’a pas de réelle justification économique.
Des écarts de valorisation économiquement non justifiés
Comment en est-on arrivé là ? En réalité, les petites et moyennes valeurs cotées souffrent de ce qui fait justement leur spécificité, c’est-à-dire de leur liquidité. En l’absence de profondeur de marché, tout assèchement de celle-ci démultiplie la volatilité et pèse lourdement sur la performance. Or il n’en va pas de même pour une entreprise détenue par un fonds de Private Equity, dont la valeur ne sera évaluée qu’annuellement, sur la base de ses fondamentaux et par un commissaire aux comptes.
A fondamentaux égaux, une valeur non cotée n’est pourtant pas plus risquée qu’une valeur cotée. C’est seulement la perception de son risque qui entre en jeu, notamment alimentée par sa volatilité bien visible. Mais au fond, cette volatilité est-elle un problème ? Toute exposition sur des petites ou moyennes valeurs, comme d’ailleurs sur tout placement en actions, est un investissement de long terme, qui doit s’étaler sur un minimum de 5 années. Il en va tout autant pour le Private Equity, dont la durée de détention est quant à elle règlementairement contrainte. Dès lors qu’elles sont appréhendées sur le temps long, les valeurs cotées n’ont donc rien envier à leurs homologues non cotées.
Dans l’attente d’une meilleure visibilité sur les taux d’intérêt
Davantage dicté par des phénomènes de flux que par des considérations économiques, cet écart de valorisation n’est pas tenable et finira tôt ou tard par se réduire. D’autant que les raisons de se réintéresser aux petites et moyennes valeurs ne manquent pas. Les sociétés peu endettées, opérant sur des marchés de niche, innovantes, disposent en effet d’un important potentiel d’appréciation à long terme, à condition de ne pas être obnubilé par la volatilité quotidienne propre aux sociétés cotées subissant les soubresauts des marchés et de la liquidité.
La revalorisation relative de ce segment de la cote n’apparaît que comme une question de temps. Manque juste un catalyseur pour déclencher ce rattrapage. De ce point de vue, la perspective de l’arrêt prochain de la hausse de taux d’intérêt, annonciatrice d’une meilleure visibilité sur les marchés, pourrait bien participer à modifier le regard des investisseurs à l’égard de ce pan de la cote. En attendant, la période paraît opportune pour se repositionner à bon compte. A condition bien sûr de disposer d’un horizon d’investissement suffisamment long.