TRUMP 2.0: making emerging markets great again
Les craintes initiales concernant l'impact de la politique commerciale américaine sur les marchés émergents (EM) étaient considérables, mais maintenant que la poussière est retombée, il semble que ces marchés soient parfaitement positionnés pour prospérer dans cette nouvelle réalité.
L'époque où l'Asie n'était que le sous-traitant industriel de l'Occident est révolue. Il n'y a pas si longtemps, les investisseurs n'avaient qu'à investir aux États-Unis pour obtenir de solides performances. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. La réélection de Donald Trump a sonné le réveil des investisseurs du monde entier et redonne ses lettres de noblesse aux marchés émergents. Ce second mandat a bouleversé un demi-siècle de normes mondiales. Le taux sans risque, longtemps l'apanage des États-Unis, n'est plus. Le risque politique est désormais un phénomène américain, tandis que les institutions ont été affaiblies. En bref, les États-Unis se comportent désormais comme un marché émergent. Les rendements des bons du Trésor augmentent, les marchés boursiers américains s'effondrent et le dollar s'affaiblit (il a chuté par rapport à toutes les devises des marchés émergents en 2025). Par conséquent, les investisseurs vendent les États-Unis et commencent à envisager d'investir davantage dans les marchés émergents. Cette évolution coïncide avec le renouveau de la Chine.
L'évolution de la Chine et son grand bond en avant dans l’IA
Il y a encore dix ans, la qualité des produits chinois était critiquée, étant bien inférieure à celle des produits américains ou allemands. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le pays abrite certains des meilleurs scientifiques et ingénieurs de la nouvelle génération, formés par son excellent système éducatif, et a considérablement renforcé ses capacités et compétences industrielles. La Chine est aujourd'hui leader mondial dans les énergies renouvelables, les véhicules électriques (VE) et l'intelligence artificielle (IA). Elle est désormais le premier exportateur mondial de voitures, avec BYD vendant plus de véhicules en Europe que Tesla.
Dans le domaine de l’IA, il y a deux ans, on supposait que les États-Unis domineraient naturellement. Cependant, DeepSeek a bouleversé cette hypothèse, et se positionne désormais comme un concurrent sérieux dans la course à l'IA.
Deuxième économie mondiale, la Chine dispose d'un système éducatif exceptionnel axé sur les sciences et les mathématiques, soutenu par des investissements massifs du gouvernement. Les mesures américaines visant à limiter les exportations de puces électroniques vers la Chine ont échoué. Jensen Huang, PDG de Nvidia, a récemment averti que les entreprises chinoises spécialisées dans l'IA étaient désormais « redoutables ».
Le monde réalise désormais que la Chine n'est plus seulement un centre de fabrication à bas coûts ; elle peut dominer la fabrication mondiale dans presque tous les domaines. De plus, elle est le premier partenaire commercial de presque tous les marchés émergents.
Au-delà de la Chine, l’Asie reste attrayante
Bien que l'attention soit concentrée sur la Chine, l'Asie dans son ensemble continue de prospérer. Aujourd'hui, 100 % des processeurs graphiques (GPU) de Nvidia sont fabriqués par la société taïwanaise TSMC, et la majeure partie de ses produits de mémoire provient de la société sud-coréenne Hynix. La révolution de l'intelligence artificielle dépend de l'Asie.
Quant à l’Inde, le pays rappelle la Chine d'il y a 20 ans, avec un modèle économique ressemblant au "capitalisme d'État". Ce type de gouvernance économique repose sur une vision à long terme, la stabilité politique et le mantra "Made in India". Selon nous, cela portera ses fruits en grande partie grâce aux tensions entre les États-Unis et la Chine, mais aussi grâce à une population énorme et majoritairement anglophone, à un système éducatif de grande qualité et à une industrie protégée par le gouvernement, pierre angulaire du leadership du Premier ministre Narendra Modi au cours de ses trois mandats.
L'économie indienne devrait croître de 6 % à 7 % par an au cours des 10 à 15 prochaines années, avec des entreprises très bien gérées et, contrairement à la Chine, sans surcapacité. En effet, les retours sur investissement restent élevés, contrairement à l'économie chinoise tirée par l'offre.
L'Amérique Latine, le gagnant des nouvelles politiques de Trump
Certains pays émergents, comme le Mexique, tirent parti des guerres commerciales grâce à leur attractivité pour les « relocalisations des chaînes de production » des États-Unis. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a récemment renforcé ses relations avec les États-Unis, notamment en coopérant pour améliorer la sécurité le long de la frontière.
Au sud, nous restons optimistes à propos du Brésil. Les actions brésiliennes, en particulier celles du secteur des services aux collectivités, sont fortement sous-évaluées. Parmi les plus grands pays du monde, le Brésil affiche les taux réels les plus élevés, supérieurs à 7 %, ce qui rend le real brésilien particulièrement attrayant. Enfin, en Argentine, la situation budgétaire s'est considérablement améliorée, passant d'un déficit important à un excédent sous la direction de Javier Milei, et les obligations souveraines ont connu une reprise impressionnante.
La Chine n'est pas la seule valeur sûre des marchés émergents ; elle en est bien sûr une partie intégrante, mais les marchés émergents dans leur ensemble regorgent d'entreprises dynamiques, mondiales et leaders dans tous les secteurs. Et aujourd'hui, avec le vent favorable du second mandat de Donald Trump, le moment semble plus propice que jamais pour investir dans cette classe d'actifs.
Du même auteur
Amérique Latine : un nouveau départ ?
En 2023, l'Amérique latine a été un point lumineux dans une année plutôt terne pour les marchés…
Xavier Hovasse