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Wim Van Hyfte, Global Head of ESG Investments and Research, Candriam

« Innovation et régulation sont clés pour un secteur alimentaire plus responsable »

Publié le 31 mai 2022 à 10h30

Wim van Hyfte

L’impact environnemental et social du secteur alimentaire est très important. Si des changements d’habitudes alimentaires et des solutions innovantes peuvent permettre aux entreprises du secteur d’agir de manière plus responsable, régulateurs et investisseurs ont également un rôle à jouer.

Quel est l’impact environnemental du secteur alimentaire ?

L’agriculture contribue fortement à l’épuisement des ressources. Cette industrie est l’une des plus consommatrices en eau, avec 70 % des prélèvements d’eau douce dans le monde. Elle est à l’origine de 78 % de la pollution des océans et de l’eau douce, notamment par l’utilisation intensive d’engrais à base de nitrates et de phosphates. C’est également le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre après le secteur de l’énergie, à égalité avec les transports : 40 % des flux totaux de méthane dans l’atmosphère, deuxième facteur de réchauffement de la planète après le CO2, proviennent de l’agriculture1.

Près de 80 % de la déforestation est due à la création de terres agricoles et 41 % à l’expansion des pâturages pour la viande bovine. Concernant les entreprises alimentaires, les chaînes d’approvisionnement sont souvent longues et complexes avec des risques ESG, des controverses potentielles et donc une multitude de réglementations déjà en place et émergentes.

Qu’en est-il de nos habitudes alimentaires ?

Environ 30 % de notre empreinte carbone individuelle est liée à notre régime alimentaire traditionnel, qui contient de la viande. En optant pour des alternatives de protéines végétales, nous pouvons réduire l’empreinte carbone de notre alimentation d’environ 90 %. De nombreux consommateurs sont désormais prêts à payer plus cher pour des options alimentaires durables. Selon une enquête menée en 20212, 30 % des personnes interrogées en Europe s’identifient comme « flexitariennes », c’est-à-dire principalement végétariennes. Parmi elles, 73 % mangent déjà moins de viande. Cette enquête confirme qu’il existe déjà un marché potentiel important pour les produits alimentaires à base de végétaux pas encore assez présents, selon elles, dans les supermarchés et restaurants.

Comment l’innovation contribue-t-elle à réaliser des progrès significatifs ?

Certaines entreprises explorent déjà les nouvelles possibilités des produits alimentaires à base de plantes, qui représentent 63 % des sources de protéines et 82 % de l’apport calorique. À mesure que ce marché se développe, les alternatives végétales à la viande deviendront moins chères et plus largement disponibles. Par ailleurs, le marché des aliments protéinés traditionnels connaît déjà deux évolutions majeures permettant de progressivement réduire son empreinte carbone. Alors que les 10 % d’entreprises agricoles les plus performantes réduisent leur empreinte carbone de deux chiffres en adoptant des solutions innovantes, la recherche d’efficacité chez les producteurs actuels d’aliments protéinés d’origine animale, par le biais de nouvelles technologies fonctionnant sur les systèmes de production existants, est encourageante. Certains produits ciblent également des problèmes spécifiques. Un complément alimentaire innovant permet déjà de réduire la production de méthane de 30 % chez les vaches laitières, et jusqu’à 90 % chez les bovins. Le deuxième type d’innovation consiste à trouver de nouvelles sources de protéines non animales, comme le colza ou les protéines monocellulaires. 

Qu’en est-il de l’impact social des chaînes d’approvisionnement ?

L’agriculture est responsable de 11 % des cas de travail forcé dans le monde et la fabrication de produits alimentaires de 15 %. Parmi ces chiffres, 60 % des enfants travaillant sur ces chaînes sont régulièrement en contact avec des produits chimiques et dangereux. Les régulateurs s’emparent du sujet pour contraindre les entreprises alimentaires à agir de manière responsable. C’est notamment l’objectif du nouveau cadre législatif de l’Union européenne sur le devoir de diligence en matière d’environnement et de droits de l’homme. Les investisseurs ont également un rôle à jouer. L’initiative FAIRR mise en place par la fondation Jeremy Coller crée, par exemple, un réseau mondial d’investisseurs qui se concentre sur les risques de la chaîne d’approvisionnement alimentaire liés à l’agriculture animale.

1. Selon le rapport du GIEC, ils représentent 45 % de l’impact net sur le réchauffement de toutes les activités anthropiques en 2019.

2. smartproteinproject.eu/pan-european-survey-meat-consumption-down/

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Bien qu’elle ait été créée initialement dans le but de répondre aux besoins des intermédiaires financiers, la plateforme est gratuite et accessible à tous.

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