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Les sociétés émergentes détiennent la clé de notre avenir climatique

Publié le 17 novembre 2021 à 15h32

Candriam Academy    Temps de lecture 4 minutes

Entre 2015 – année de la COP21 où la communauté internationale s’est engagée à limiter le réchauffement climatique à 2 °C – et 2019, les émissions mondiales de CO ont augmenté de 3,5 % pour atteindre 35,21 milliards de tonnes, un record. Selon nos calculs, les 100 premières entreprises émettrices en 2019 étaient responsables de 21 % des émissions mondiales de CO. Et cela sans compter les émissions causées par leurs produits (scope 3).

Des divergences entre pays développés et pays émergents ?

Alors que la COP26 se tient à Glasgow, certains se sont demandé si les investisseurs axés sur les critères ESG étaient à la hauteur de leurs ambitions. On constate cependant une nette divergence entre les entreprises des marchés développés et celles des marchés émergents, plus souvent hors de portée des investisseurs – car contrôlées par les gouvernements ou non cotées en Bourse : entre 2015 et 2019, les dix pires contributeurs dans les économies émergentes (EE) ont augmenté leurs émissions de CO2 entre 11 % (Gazprom) et 355 % (PetroChina). Une seule de ces dix entreprises, ArcelorMittal, a réduit ses émissions. Au total, ces dix sociétés sont responsables de 2,8 milliards de tonnes d’émissions annuelles de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles des 27 Etats membres de l’UE réunis et en hausse de 58 % entre 2015 et 2019. Or, sur la même période, les dix principaux contributeurs aux émissions de CO2 du monde développé ont réduit les leurs de 17 %.

Pourquoi se fonder sur les données de 2019 ?

En 2020, les émissions mondiales de CO2 ont diminué de 4,5 %2 alors que l’économie mondiale s’est contractée de 4,3 %. Le Fonds monétaire international prévoit que le PIB mondial augmentera de 6 % en 20213. Le rattrapage de la production mondiale s’accompagnera très probablement d’une augmentation correspondante des émissions mondiales de CO2. Il n’est donc pas déraisonnable d’utiliser les données de 2019 pour estimer où les plus grands émetteurs sont susceptibles de se situer d’ici la fin de l’année 2021 en matière d’émissions.

Au total, les 100 plus gros pollueurs en matière de CO2 au niveau mondial ont augmenté leurs émissions de 1,3 Gt, soit presque autant que les émissions totales de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne réunis en 2019. Ces 100 sociétés ont émis autant de CO2 que ce qui a résulté de toutes les activités humaines aux États-Unis et en Russie en 2019. Autrement dit, le problème se concentre sur un petit nombre d’entreprises et plus particulièrement sur celles basées dans les pays émergents : celles-ci ont augmenté leurs émissions de 46 % en moyenne, tandis que celles basées dans les économies développées ont réduit les leurs à raison de 14 % sur la même période.

Sur les 43 sociétés des marchés développés parmi les 100 premières mondiales, seules 17 ont vu leurs émissions combinées du scope 1 et 2 augmenter depuis la COP21. En comparaison, 41 des 57 sociétés des économies émergentes ont connu une hausse.

Quelles conclusions pour les investisseurs ?

Pour les investisseurs, la leçon est claire : pour réduire de manière significative les émissions mondiales de CO2, il faut accorder une attention beaucoup plus grande aux sociétés des marchés émergents et aux gouvernements qui les soutiennent. Cette influence peut être exercée soit directement, par l’engagement des sociétés, soit indirectement, par l’investissement des économies développées dans les sociétés alignées sur l’accord de Paris, soit encore via les obligations souveraines achetées par des gérants d’actifs internationaux. Le défi est de taille, car les émissions des CO2 sont intimement liées à la croissance économique (secteurs du charbon, de l’acier et de l’énergie en particulier). Les récents ordres donnés par le gouvernement chinois à son industrie du charbon pour qu’elle augmente ses capacités afin de soutenir la croissance4 illustrent parfaitement cette problématique. Enfin, les investisseurs doivent veiller à favoriser une véritable amélioration de l’efficacité énergétique des entreprises, et non se contenter de simples cessions d’actifs qui ne font que déplacer le problème.

1 Un rapport du CDP publié en 2017 estime que 71 % des émissions mondiales de CO2 sont causées par 100 sociétés et économies, prises individuellement. Si la méthodologie utilisée pour parvenir à ce chiffre est discutable, le rapport fournit néanmoins des indications utiles sur le fait qu’un nombre limité de sociétés est responsable de la majeure partie des émissions mondiales. Dr Paul Griffin, « CDP Carbon Majors Report 2017 ».

2 Cf. BP Statistical Review of World Energy 2021, 70e édition.

3 Fonds monétaire international, « Mise à jour des perspectives de l’économie mondiale », juillet 2021.

4 Financial Times, « China orders coal miners to boost output to counter energy crunch », 8 octobre 2021.

Des divergences entre pays développés et pays émergents ?

Alors que la COP26 se tient à Glasgow, certains se sont demandé si les investisseurs axés sur les critères ESG étaient à la hauteur de leurs ambitions. On constate cependant une nette divergence entre les entreprises des marchés développés et celles des marchés émergents, plus souvent hors de portée des investisseurs – car contrôlées par les gouvernements ou non cotées en Bourse : entre 2015 et 2019, les dix pires contributeurs dans les économies émergentes (EE) ont augmenté leurs émissions de CO2 entre 11 % (Gazprom) et 355 % (PetroChina). Une seule de ces dix entreprises, ArcelorMittal, a réduit ses émissions. Au total, ces dix sociétés sont responsables de 2,8 milliards de tonnes d’émissions annuelles de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles des 27 Etats membres de l’UE réunis et en hausse de 58 % entre 2015 et 2019. Or, sur la même période, les dix principaux contributeurs aux émissions de CO2 du monde développé ont réduit les leurs de 17 %.

Pourquoi se fonder sur les données de 2019 ?

En 2020, les émissions mondiales de CO2 ont diminué de 4,5 %2 alors que l’économie mondiale s’est contractée de 4,3 %. Le Fonds monétaire international prévoit que le PIB mondial augmentera de 6 % en 20213. Le rattrapage de la production mondiale s’accompagnera très probablement d’une augmentation correspondante des émissions mondiales de CO2. Il n’est donc pas déraisonnable d’utiliser les données de 2019 pour estimer où les plus grands émetteurs sont susceptibles de se situer d’ici la fin de l’année 2021 en matière d’émissions.

Au total, les 100 plus gros pollueurs en matière de CO2 au niveau mondial ont augmenté leurs émissions de 1,3 Gt, soit presque autant que les émissions totales de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne réunis en 2019. Ces 100 sociétés ont émis autant de CO2 que ce qui a résulté de toutes les activités humaines aux États-Unis et en Russie en 2019. Autrement dit, le problème se concentre sur un petit nombre d’entreprises et plus particulièrement sur celles basées dans les pays émergents : celles-ci ont augmenté leurs émissions de 46 % en moyenne, tandis que celles basées dans les économies développées ont réduit les leurs à raison de 14 % sur la même période.

Sur les 43 sociétés des marchés développés parmi les 100 premières mondiales, seules 17 ont vu leurs émissions combinées du scope 1 et 2 augmenter depuis la COP21. En comparaison, 41 des 57 sociétés des économies émergentes ont connu une hausse.

Quelles conclusions pour les investisseurs ?

Pour les investisseurs, la leçon est claire : pour réduire de manière significative les émissions mondiales de CO2, il faut accorder une attention beaucoup plus grande aux sociétés des marchés émergents et aux gouvernements qui les soutiennent. Cette influence peut être exercée soit directement, par l’engagement des sociétés, soit indirectement, par l’investissement des économies développées dans les sociétés alignées sur l’accord de Paris, soit encore via les obligations souveraines achetées par des gérants d’actifs internationaux. Le défi est de taille, car les émissions des CO2 sont intimement liées à la croissance économique (secteurs du charbon, de l’acier et de l’énergie en particulier). Les récents ordres donnés par le gouvernement chinois à son industrie du charbon pour qu’elle augmente ses capacités afin de soutenir la croissance4 illustrent parfaitement cette problématique. Enfin, les investisseurs doivent veiller à favoriser une véritable amélioration de l’efficacité énergétique des entreprises, et non se contenter de simples cessions d’actifs qui ne font que déplacer le problème.

1 Un rapport du CDP publié en 2017 estime que 71 % des émissions mondiales de CO2 sont causées par 100 sociétés et économies, prises individuellement. Si la méthodologie utilisée pour parvenir à ce chiffre est discutable, le rapport fournit néanmoins des indications utiles sur le fait qu’un nombre limité de sociétés est responsable de la majeure partie des émissions mondiales. Dr Paul Griffin, « CDP Carbon Majors Report 2017 ».

2 Cf. BP Statistical Review of World Energy 2021, 70e édition.

3 Fonds monétaire international, « Mise à jour des perspectives de l’économie mondiale », juillet 2021.

4 Financial Times, « China orders coal miners to boost output to counter energy crunch », 8 octobre 2021.

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