A la surprise générale, et notamment celle du principal intéressé, le promoteur immobilier renonce à acquérir Primonial. Altarea évoque le non-respect du protocole d'acquisition, Primonial dément. Les actionnaires de ce dernier ne devraient pas en rester là.
Qu'est-ce qui a mal tourné ? La question est dans tous les esprits alors que le groupe immobilier Altarea vient d'annoncer que toutes les conditions n'étaient pas remplies pour permettre l'acquisition du groupe Primonial. L'annonce, faite mercredi 2 mars matin, a de quoi surprendre alors que les deux entreprises étaient entrées en négociations exclusives fin juin dernier et que la signature définitive de l'opération devait avoir lieu en ce début mars. C'est d'ailleurs la stupeur qui prédomine chez Primonial et ses actionnaires. "On parle d'un deal de 2 milliards d'euros pour lequel nous avons engagé des démarches importantes, telles que le carve-out (détourage, ndlr) de La Financière de l'Echiquier, s'indigne Stéphane Vidal, président du groupe Primonial. J'ai appris officiellement le renoncement d'Altarea le 28 février au soir, ce ne sont pas des choses qui se font."
Du côté d'Altarea, les raisons justifiant ce brusque changement d'avis sont encore relativement floues, le groupe évoquant dans un communiqué une "insécurité juridique" : "Dans le cadre de la revue de la documentation juridique dont certains éléments n‘ont été communiqués que le 25 février, Altarea a constaté que les conditions convenues pour l’acquisition du Groupe Primonial début mars n’étaient pas remplies du fait du non-respect - tant sur le fond, la forme et les délais - des stipulations du protocole d’acquisition signé en juillet 2021."
Du côté des cédants, on assure que "l'ensemble des conditions de réalisation de l'opération étaient réunies". Désormais, on s'attend à une bataille entre actionnaires pour défendre leurs intérêts respectifs. "Les actionnaires du groupe (Bridgepoint, Latour Capital et Société Générale Assurances, ndlr) sont en train d'examiner tous les recours possibles, les avocats contentieux se mettent en ordre de marche", indique Stéphane Vidal. Même son de cloche chez Altarea, qui indique tout mettre tout en œuvre "pour faire valoir ses droits, protéger ses intérêts et ceux de ses actionnaires".
Et maintenant ? Du côté de Primonial, on assure qu'il n'y a aucune urgence à trouver un remplaçant au promoteur immobilier. "Quand Alain Taravella, le dirigeant d'Altarea, est venu nous voir, nous avons accepté d'aller sur cette opération car sur un plan opérationnel ce pouvait être une superbe opération, commente Stéphane Vidal. Nous avons le soutien total de nos actionnaires pour être opportuniste mais s'il n'y a pas de belle histoire qui émerge dans les mois à venir, ce n'est pas un problème." Les deux groupes font valoir leur solidité et leurs belles perspectives. Mais désormais ce sera chacun dans son coin.