Immuniser ses portefeuilles dans un contexte de regain inflationniste
A condition d’adopter la bonne approche méthodologique, certains produits d’allocation offrent aux investisseurs des solutions optimales pour se protéger de la volatilité et de l’inflation, sans sacrifier la quête de rendement et quel que soit le contexte de marché. Une stratégie recommandée pour aborder 2022 dans les meilleures conditions.
L’environnement de taux bas s’est installé dans la durée et pousse les investisseurs à redéfinir leurs stratégies de long terme. Le soutien massif des banques centrales qui maintiennent les taux à des niveaux proches de zéro est, en effet, amené à se poursuivre (malgré les débuts du « tapering » aux Etats-Unis) pour soutenir le rythme de croissance des économies développées, simultanément confrontées à une démographie peu dynamique et à des gains de productivité qui n’augmentent plus. Ainsi, les rendements des marchés obligataires sont inscrits dans une tendance structurellement baissière, renforçant l’attractivité des marchés actions, ce qui a permis aux indices boursiers de battre records sur records.
Cependant, les tensions inflationnistes, qui avaient disparu, reviennent sur le devant de la scène. Aux Etats-Unis, la hausse des prix à la consommation en novembre a atteint 6,8 % en rythme annuel, soit un plus haut sur quarante ans, ce qui suscite des interrogations croissantes : l’inflation nouvelle est-elle passagère ou bien est-elle partie pour s’installer dans la durée ? Ce climat d’incertitude renforce les perspectives d’un regain de volatilité des actifs risqués, et notamment des marchés actions pour 2022.
Dans ce contexte, certaines stratégies d’allocation dites « multi-asset » (ou diversifiées) offrent une réponse aux investisseurs soucieux de se prémunir contre les risques de volatilité et le regain d’inflation. Une approche en budget de risque combinant différentes sources de performance, différentes primes de risque, décorrélées les unes des autres (et donc complémentaires), permet de protéger son capital, indépendamment de l’évolution des différentes classes d’actifs, en particulier des marchés actions. Une telle approche est également adaptée pour répondre à la quête de rendement des investisseurs, quels que soient l’environnement de marché et l’avancement du cycle économique.
Une gestion du risque reposant sur différents moteurs
Le concept de budget de risque est intéressant lorsqu’il est « macro-agnostique », dans la mesure où les choix d’investissement ne dépendent pas d’un scénario économique préalablement défini. Ils visent en revanche à dégager un rendement positif et stable sur la durée, tout en étant réellement décorrélés de toute classe d’actifs (marchés actions, obligataires, monétaires, etc.).
Ces stratégies diversifiées permettent de combiner au sein du même portefeuille les risques des marchés actions (anomalie des actions à faible risque versus « relative value »), obligataires (duration versus spreads de crédit), devises (valorisation et qualité versus « carry) et de les combiner selon le contexte de marché (risk on/risk off). Comme pour le moteur d’un véhicule, la gestion du risque des portefeuilles repose sur différents « cylindres » qui, finement combinés entre eux, permettent de générer pour l’investisseur des portefeuilles capables de limiter les phases de baisse ou « drawdowns », tout en captant une partie de la hausse des marchés dans les phases de rebond.
De plus, la gestion de la liquidité doit occuper une place centrale dans ces stratégies. Cela permet d’offrir une certaine flexibilité tout en protégeant les portefeuilles lors des phases d’assèchement de la liquidité, comme ce fut notamment le cas lors de la crise du premier trimestre 2020. Ainsi, la maîtrise du risque et de la liquidité des portefeuilles « multi-asset » permet aux investisseurs de viser un couple rendement/risque positif sur la durée !
Nicolas Magnac-Dajean, CFA est spécialiste senior multi-asset chez Nordea AM