Le Mittelstand allemand : innovation et croissance au cœur du réacteur
Nous ne parlerons jamais assez des petites et moyennes valeurs européennes. La tendance ne semble pas s’inverser pour ce segment de la cote européenne, délaissé maintenant depuis plusieurs années.
Environnement de taux plus contraignant, macroéconomie faiblarde dans la zone UE, émergence des marchés privés et de la gestion passive ou bien même régulation et depuis peu, les droits de douane américains, plombent les perspectives pour les petites et moyennes valeurs alors que les regards sont tous tournés vers le segment. Pourtant, en ces temps chahutés, les petites et moyennes valeurs pourraient présenter de sérieux avantages et notamment du côté allemand de l’univers ou l’actualité entre autres, a ravivé les espoirs et attentes des investisseurs.
Au regard de la performance de ces 3 dernières années, les marchés ont donné raison aux plus pessimistes. Crise énergétique et manque de consensus politique ont clairement pesé sur les perspectives des petites et moyennes valeurs allemandes. Cependant, ce que nous appelons communément le Mittelstand pourrait revenir en force du fait de soutiens solides à l’économie allemande.
Les petites et moyennes capitalisations allemandes qui constituent le fameux Mittelstand, présentent historiquement des fondamentaux solides et un fort potentiel de croissance. Malgré les performances décevantes de ces dernières années (guerre en Ukraine, hausse de taux et crise énergétique) et si l’on regarde sur longue période, les MDAX/SDAX performent mieux en tendance que le reste des petites et moyennes valeurs européennes. L’innovation qui est en grande partie générée par le Mittelstand, a toujours été au cœur du réacteur de la croissance allemande : en 2024, l’Allemagne est le deuxième pays dans le monde déposant le plus de brevets (après la Corée du Sud). Le mécanisme n’est pas cassé !
Stabilité politique et relance économique : un combo attendu gagnant
Le début d’année aura marqué un changement radical pour l’environnement politique allemand notamment par suite de la victoire du parti libéral-conservateur (CDU) perçue par les acteurs économiques comme « pro-business ». Nous le savons bien, la stabilité politique est un prérequis fondamental pour relancer les investissements et la croissance.
A ceci s’ajoute le plan de relance annoncé par le chancelier désigné en février sera sans hésitation un soutien important de la croissance et de l’investissement en Allemagne. Malgré le fait qu’il soit prématuré d’en dresser un calendrier précis, on parle de premiers déploiements pour 2026 et ces dépenses budgétaires au long des dix prochaines années pourraient atteindre 1000 milliards d'euros. Les investissements de l'État seraient emmenés à un niveau qui n'avait pas été atteint depuis la réunification allemande en 1990. Alors que les conséquences financières de ces investissements prévus sont en partie chahutées, l’impact sur le chiffre d'affaires et les bénéfices des entreprises allemandes sera clairement positif.
Il semble que ces dépenses massives cibleront en priorité les secteurs de la défense, de l’infrastructure mais pas seulement et il y a de nombreuses raisons de passer en mode positif quant à ces retombées importantes qui devraient profiter à un large spectre d’entreprises. En effet, les PME allemandes, avec leur socle industriel (sous-traitants de la construction mécanique, de l'industrie de pointe et de l'industrie lourde), sont idéalement positionnées pour sortir gagnantes des programmes de dépenses nationaux.
Il est important de souligner que l’accord de coalition conclu le 9 avril entre les futurs partis du gouvernement prévoit notamment pour les entreprises des réductions d’impôts ainsi que des mesures pour faciliter les investissements et le déploiement de projets dans le pays, actant clairement l’axe « pro-business » de cette nouvelle coalition.
Le « Libération Day » : Une opportunité inattendue ?
Depuis le « Liberation day » (et quelle libération !), les marchés européens, dans leur émotivité primaire, ont effacé l’intégralité de la performance de l’univers small et mid cap allemand en quelques jours. A tort ou à raison ? Même si un ralentissement mondial peut être légitimement redouté, rappelons ici l’exposition limitée et la moindre dépendance aux US des petites et moyennes valeurs du MDAX/SDAX par rapport à leurs grandes sœurs du DAX (environ 15% contre environ 30 % pour le DAX).
De plus, le récent découplage amorcé entre l’Europe et les US constitue une grande opportunité pour l’Allemagne avec la construction d’une coopération européenne de la défense et du probable renforcement de la zone commerciale européenne.
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