Petites et Moyennes capitalisations : vers un regain d’intérêt ?
Les petites et moyennes capitalisations européennes sous-performent les grandes capitalisations depuis fin 2021. Si d’un point de vue historique ce n’est pas une rareté, c’est toute de même l’exception qui confirme la règle puisque les petites et moyennes capitalisations ont tendance à surperformer sur long terme.
Les causes de cette sous-performance sont bien identifiées. D’un point de vue macro tout d’abord :
1/ le contexte inflationniste qui a suivi les goulets d’étranglements de l’économie mondiale post-déconfinement ainsi que des politiques fiscales et monétaires accommodantes concomitantes. Ceci ayant eu pour conséquence principale la hausse des taux d’intérêts directeurs des grandes banques centrales dont la BCE qui a eu pour corollaire une forte augmentation des taux longs en 2022/23.
2/ L’évolution défavorable de la conjoncture européenne post déconfinement. Les petites et moyennes capitalisations sont par construction beaucoup plus dépendantes à l’économie de la zone euro, car plus domestiques.
3/ La robustesse du dollar entre 2021 (1.22) jusqu’à fin 2023 (0.96). C’est une conséquence indirecte du point 2. Les grandes capitalisations étant plus internationales, elles ont bénéficié d’un effet d’aubaine grâce à la conversion de leur activité libellée en dollar vers l’euro.
D’un point de vue micro ensuite :
1/ les niveaux de valorisation à l’aune de cette sous-performance (2021) étaient généreux. Les petites et moyennes capitalisations se traitaient alors avec une prime de 40% sur leurs grandes homologues. Nous verrons plus bas que ce n’est plus le cas.
2/ La « mode » des sept magnifiques aux Etats-Unis qui ont tiré la performance du S&P 500 ces dernières années et le besoin de faire des mimétismes sur les plus belles valeurs européennes (Granola)
Maintenant que nous avons étudié les causes de cette sous-performance, posons-nous la question « Est-ce que les fondamentaux de cette classe d’actifs ont changé? »
L’intérêt de cette classe d’actifs réside dans sa croissance bénéficiaire supérieure à celle des grandes capitalisations. Depuis la pandémie en 2020, la croissance bénéficiaire reste très supérieure chez les petites et moyennes capitalisations. Les conséquences de la sous-performance depuis 2021 se retrouve dans la valorisation relative entre les petites et moyennes capitalisations d’un côté et les grandes capitalisations de l’autre. Historiquement les premières se traitent avec une prime de 20% sur les secondes.
Actuellement elles ne se traitent plus avec une prime mais avec une décote ; qui a même atteint un niveau historique (entre 6 et 7%). Cette décote est désormais plus importante que celle qui prévalait fin 2008 en pleine crise financière.
Le regain d’intérêt :
Depuis le début de l’année 2025, nous constatons un retour à meilleure fortune de cette classe d’actifs. Les petites et moyennes capitalisations bénéficient d’une conjoncture légèrement plus favorable dans un contexte d’assouplissement monétaire débuté par la BCE l’été dernier. Or historiquement cette classe d’actifs se comporte relativement bien après les premières baisses de taux directeurs (en moyenne elles surperforment de plus de 10% un an après). Cette surperformance s’est même accélérée depuis la déclaration de guerre commerciale par D. Trump et sa fameuse « Liberation Day ». Le caractère plus domestique des petites et moyennes capitalisations semble à nouveau séduire les investisseurs.
Ces réflexions d’ordre général ne s’appliquent cependant pas toutes ou dans les mêmes proportions à l’ensemble des acteurs du segment et il est impératif de séparer le bon grain de l’ivraie. C’est ce que nous faisons dans notre OPC thématique Madeleine Mid Caps Euro qui investit dans les petites et moyennes capitalisations de la zone euro en privilégiant les sociétés à forte visibilité (tels que l’innovation technologique, les sciences de la vie, la recherche du bien être ou encore la transition énergétique).
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