Quelle stratégie d’investissement dans le contexte actuel ?
Le contrôle de l’inflation par les banques centrales se fera sans doute au détriment de la consommation et de l’investissement. L’appétit au risque reste donc en berne, et incite à la modération. Dans ce contexte incertain où flotte le spectre de la stagflation, les marchés continuent toutefois d’offrir des opportunités aux investisseurs.
Actions : marché en baisse et diversification
Malgré un bref rebond en mai, le marché des actions poursuit sa trajectoire baissière, avec une chute notoire du MSCI WORLD de plus de 20% depuis le début de l’année. Paradoxalement, les niveaux des bénéfices estimés ont été maintenus à horizon 12 mois, et même revus à la hausse en dépit d’un contexte aggravé. On évoque ainsi une hausse de ces bénéfices d’environ 10% pour les actions US, et 8% pour les actions de la zone euro. Des différences de valorisation qui s’expliquent en grande partie par l’impact plus lourd de la guerre en Ukraine sur les Etats européens. Pour faire face à une visibilité de moins en moins certaine sur les marchés, équilibre et prudence doivent rester les maîtres mots des stratégies d’investissement. Entre valeurs cycliques, défensives, value et croissance, il s’agit de diversifier ses placements, en recherchant, notamment, le Pricing Power. Une approche sectorielle se montre également pertinente : les valeurs bancaires et les énergéticiens profitent respectivement de la normalisation des hausses de taux et de l’envolée du pétrole. L’industrie, pour sa part, est un secteur diversifié et naturellement doté de Pricing Power. En termes de thématiques, l’environnement reste une valeur sûre.
Hausse des taux : un positionnement défensif recommandé
Le traitement de choc des banques centrales consolide le stress qui affectait déjà le marché du crédit, et au risque de taux s’ajoute désormais un risque de spread. Un élargissement notable des spreads de crédit a eu lieu, avec, pour certains secteurs comme les services aux collectivités, les médias ou l’immobilier, des valeurs égales au plus haut de la crise Covid. Les segments Investment Grade et High Yield affichent ainsi une performance négative depuis le début de l’année, respectivement -13% et – 12,9% pour ces indicateurs en euros. Un repli qualitatif est de fait indiqué auprès des entreprises les mieux notées (IG - A/BBB ; HY BB+), privilégiant les maturités à court/moyen terme et les positionnements propices au maintien des marges. Pour faire face à la dynamique haussière des taux, des positions défensives sont nécessaires, en conservant une agilité suffisante sur la duration afin d’ajuster son niveau de couverture. Il est ainsi possible de tirer parti de la volatilité des taux. Une approche sectorielle tend à favoriser les secteurs de l’énergie, qui profite de l’inflation, mais aussi des télécoms, qui bénéficie d’une tendance structurelle positive, et de la santé pour sa composante défensive.
Marchés obligataires : priorité aux maturités courtes
Les investisseurs continuent à s’alléger sur les obligations corporate, tant pour la catégorie Investment Grade que pour le High Yield, soit un prolongement de la tendance constatée au cours des dernières semaines. En outre, l’arrêt de la politique de forward guidance pourrait entraîner plus de volatilité sur les marchés obligataires pour les mois à venir. Il convient alors de rester défensif sur la duration des titres et de privilégier des maturités courtes sur les segments IG et HY, ce pour se prémunir des stress de marché. De la même manière, nous adoptons une vue neutre sur les maturités courtes des obligations d’Etat dans la mesure où les anticipations des banques centrales nous semblent relativement bien intégrées dans les taux courts (maturités 2 à 3 ans) à ce stade.
Laurent Gonon est directeur des Gestions chez BFT Investment Managers
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