SVB: everything, everywhere all at once?

Publié le 15 mars 2023 à 16h34

Gregor MA Hirt    Temps de lecture 5 minutes

Incident isolé ou signe de faiblesse systémique ? La Réserve fédérale américaine a réagi rapidement à la faillite de la Silicon Valley Bank, mais la route pourrait être semée d’embûches à mesure que la hausse des taux d’intérêt se poursuit.

Principaux enseignements

  • La Réserve fédérale américaine (Fed) a réagi rapidement à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank, spécialisée dans les prêts aux entreprises technologiques et les start-ups.
  • Avec la création d’une nouvelle structure pour fournir des liquidités aux banques, l’action de la Fed devrait calmer les nerfs dans l’immédiat, mais les inquiétudes persistent.
  • Le secteur bancaire est confronté à des vents contraires et la hausse des taux d’intérêt pourrait continuer à affaiblir l’économie et à provoquer de la volatilité pour les investisseurs.

La semaine dernière, la Silicon Valley Bank (SVB), une banque spécialisée dans le finance- ment de start-ups technologiques, a connu d’énormes difficultés en raison de pertes massives liées à l’évaluation au prix du marché de ses portefeuilles d’obligations à long terme, ce qui a déclenché une vague de retraits de dépôts.

Cette situation a été suivie d’une forte volatilité des marchés, en particulier dans le secteur bancaire américain, les banques du S&P 500 perdant plus de 15 % au cours de la semaine

Cet événement était susceptible de déstabiliser une partie du marché financier américain et de déclencher de nouvelles ventes - justifiées ou non. C’est pourquoi la Réserve fédérale américaine a agi rapidement le week-end dernier, en vertu de l’exemption pour risque systémique, en garantissant tous les déposants de la banque. La Fed a également mis en place un nouveau mécanisme - le Bank Term Funding Program - pour fournir une source supplémentaire de liquidités contre des titres de haute qualité, “éliminant la nécessité pour une institution de vendre rapidement ces titres en période de stress”.

Cela devrait réduire considérablement le risque d’une crise bancaire “en chaîne” et d’un cercle vicieux de liquidation, car les banques devraient pouvoir conserver leurs actifs dans leur bilan, au lieu d’être obligées de les vendre sur le marché et de réaliser des pertes. Cela est particulièrement important dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, car la valeur de marché de ces actifs restera sous pression si elle est évaluée au prix du marché

Un signe avant-coureur ?

Si les dernières mesures prises par la Fed devraient permettre de réduire le risque systémique et de se prémunir contre de nouvelles liquidations bancaires, il n’est pas surprenant que le secteur soit sous pression dans un contexte de hausse rapide des taux d’intérêt et, en particulier, d’inversion de la courbe des rendements (lorsque les taux d’intérêt sur les obligations à long terme sont inférieurs aux taux d’intérêt débiteurs à court terme).

Les modèles commerciaux “traditionnels” des banques reposent sur des emprunts à des taux plus bas et des prêts à des taux plus élevés, ce qui est pratiquement l’inverse de ce qu’offre actuellement le marché, bien qu’elles gagnent davantage sur leurs réserves excédentaires.

Dans cet environnement, les banques commerciales américaines seront particulièrement sous pression, car elles sont fortement exposées au secteur du logement. Ce dernier a connu un ralentissement substantiel de l’activité du marché et une augmentation de la réévaluation des prix - une tendance qui devrait s’accélérer au cours des prochains trimestres. Dans le même temps, certains pans de l’économie américaine commencent à souffrir du régime des rendements élevés, ce qui entraîne une augmentation des défauts de paiement qui, avec le temps, affecteront de plus en plus les bilans des banques et pourraient nécessiter un ajustement de leurs activités de prise de risque. Les défauts de paiement sur les prêts pourraient également s’accélérer avec l’augmentation de l’endette- ment des consommateurs. En conclusion, l’incident de la SVB a mis en évidence la faiblesse du secteur bancaire dans son ensemble dans un environnement de courbe de rendement inversée, même s’il convient de noter que la crise actuelle se concentre plutôt sur la diminution de l’argent bon marché dans les secteurs de la technologie et des start-ups.

Malgré cela, la nouvelle selon laquelle HSBC est intervenue pour acquérir la branche britannique de SVB (pour une livre sterling symbolique) montre l’appétit des autres banques pour acquérir des actifs à bon marché.

Attention à l’avenir

Les marchés financiers devraient réagir positivement à l’action rapide de la Fed, qui a supprimé une couche de risque systémique dans le secteur bancaire, fortement associée à la crise de Lehman Brothers en 2008.

Mais il faudra rester prudent. Le nouveau programme de financement à terme des banques devrait permettre à la Fed de continuer à se concentrer sur son objectif principal, qui est de maîtriser l’inflation de base en augmentant les taux directeurs. Cela pourrait entraîner une nouvelle faiblesse de l’économie et un relâchement des pressions inflationnistes de base, ce qui est l’objectif ultime de la Fed, surtout si l’on considère les dernières données - solides - sur le marché du travail de la semaine dernière.

Cela confirme notre opinion selon laquelle les actions américaines devraient connaître une phase de ralentissement, d’autant plus que les valorisations restent élevées et que les marges se détériorent.

Ces perspectives soutiennent notre récente réduction des actions américaines dans les portefeuilles multi-as- sets. Compte tenu du risque croissant d’accident financier - comme l’a montré l’effondrement de SVB - nous n’avons pas été les seuls à nous positionner de la sorte.

Après la récente hausse rapide des taux d’intérêt américains, nous avons inversé notre position sur les bons du Trésor américain pour adopter une position plus positive, du moins tactiquement. Cette position devrait être soutenue par les nouvelles mesures prises par la Fed pour affaiblir l’économie et resserrer les conditions financières. Cependant, les investisseurs doivent noter que ces actions pourraient entraîner une réaffectation inappropriée des ressources - et la prudence devra être de mise dans la période à venir.

Gregor MA Hirt Global CIO Multi Asset ,  AllianzGI

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