Bilan gestion d'actifs

Les fintechs investissent l’univers du conseil

Publié le 6 mai 2016 à 11h20    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 10h56

Catherine Rekik

A peine remise de plusieurs crises successives qui l’ont contrainte à repenser son modèle de développement, l’industrie de la gestion d’actifs doit affronter de nouvelles formes de concurrence. Du côté des CGP, une réflexion est en cours pour ne pas être en marge de l’«uberisation» du conseil et capter une nouvelle clientèle.

En démarrant son activité à l’automne 2015, Yomoni a clairement affiché ses ambitions : devenir l’un des leaders de la gestion d’actifs digitale en Europe et gérer plus de 1 milliard d’euros d’ici trois à cinq ans. Pour y parvenir, la société a lancé une campagne publicitaire sur Internet et dans le métro parisien. Une jeune frimousse craignant pour son épargne future et un chat allergique à la finance suffiront-ils pour attirer une clientèle dont les besoins ne sont pas satisfaits par les canaux de distribution traditionnels ? C’est en tout cas l’objectif de ces derniers nés des fintechs qui veulent démocratiser le conseil en aidant leurs clients à définir leur allocation d’actifs suivant des profils types de risque, les décisions d’investissement étant le fruit d’algorithmes.

Un intérêt partagé par les producteurs et la distribution

Fundshop, Advize, Marie Quantier ou Yomoni (agréé société de gestion par l’AMF) apportent à leurs clients du conseil à moindre coût, l’allocation d’actifs reposant pour l’instant sur des ETF, et se rémunèrent soit sur la base d’abonnements pour Fundshop ou Marie Quantier, soit en prélevant un pourcentage sur le montant de l’épargne placée comme pour Yomoni. Dans tous les cas, le seuil d’épargne minimum se situe entre 500 et 1 000 euros. Les robo-advisors s’adressent à des particuliers, environ 90 % des épargnants qui ne sont pas adressés par les CGP ou les banques privées, à une nouvelle génération qui a pris l’habitude de consommer autrement et qui n’a pas ou plus le réflexe d’entrer dans une banque pour y chercher du conseil. Ils peuvent être perçus comme des concurrents en matière de gestion de patrimoine. Les robo-advisors assurent à leurs clients un suivi sur la performance de leur épargne et les alertent sur les évolutions des marchés. En ce sens, ils devraient permettre une meilleure diffusion de la culture financière.

Tout ceci conduit certains CGP à réfléchir à la meilleure façon d’intégrer cette nouvelle donne. Dans une interview accordée à Funds en mars dernier, Stéphane Rudzinski, fondateur de Rhétorès Finance, expliquait que l’arrivée des robo-advisors était plus inquiétante pour l’avenir de son cabinet et l’évolution du conseil que les évolutions réglementaires : «Nos futurs clients sont certainement des fondateurs de start-up ou des cadres férus de nouvelles technologies. Nous réfléchissons donc à l’opportunité de développer une offre en ligne et à disposer des outils permettant d’attirer cette nouvelle clientèle.» De son côté, Meyer Azogi, président de Cyrus Conseil, indiquait lors d’une conférence organisée par Périclès Consulting ne pas percevoir encore le robo-advisor comme un concurrent. «Le robo-advisor gère l’allocation d’actifs, ce n’est qu’un aspect du conseil en gestion de patrimoine. Cependant, il y a de la valeur ajoutée chez les robo-advisors, notamment au niveau du contrôle de risque, et nous n’avons pas de raison d’en priver nos clients. Le robo-advisor est un outil qui peut être utilisé en marque blanche. Une fois qu’il aura maîtrisé la relation client dans le cadre de l’allocation d’actifs, il ne va pas s’arrêter là.» Les CGP ont donc tout intérêt à s’approprier ces nouveaux outils et à dégager ainsi du temps pour se consacrer au conseil.

Du côté des sociétés de gestion, on suit attentivement ces nouvelles évolutions. Pour l’heure, les robo-advisors utilisent principalement des ETF mais l’objectif, à terme, est d’inclure tous types de fonds dans leur offre. Les sociétés de gestion américaines ont bien perçu l’intérêt de ces nouveaux acteurs qui peuvent leur apporter une nouvelle clientèle. Ainsi, Fidelity a signé un partenariat avec Betterment et BlackRock a racheté le Californien FutureAdvisor. En France, la Financière de l’Echiquier est entrée au capital de Yomoni via sa structure d’incubation.

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