(AOF) - Alors que les économistes s'interrogent sur l'ampleur des prochaines hausses de la Fed, Stéphane Déo, directeur stratégie marchés d'Ostrum AM a estimé intéressant de revenir à Sir Mervyn King l'ex-gouverneur de la BoE. On lui doit notamment la théorie "Maradona de la politique monétaire". L'idée est de revenir sur le but de Maradona contre l'Angleterre en coupe du monde: il traverse tout le terrain en zigzagant dans la défense anglaise, rappelle l'expert.
"Ce qui est vraiment remarquable, c'est que Maradona a couru pratiquement en ligne droite. Comment battre cinq joueurs en courant en ligne droite ? La réponse est que les défenseurs anglais ont réagi à ce qu'ils attendaient de Maradona : qu'il bouge à gauche ou à droite", avait déclaré Sir Mervyn en 2005.
L'analogie avec la politique monétaire est que si les marchés attendent des hausses de taux lorsque l'inflation progresse, leurs anticipations d'inflation ne bougent pas et donc la banque centrale n'a pas besoin de monter ses taux. La trajectoire de la politique est aussi linéaire que celle de Maradona. Ou dit autrement, plus la banque centrale est crédible, moins elle a besoin de réagir aux variations de l'inflation, explique Stéphane Déo.
C'est un peu le dilemme de la Fed actuellement. Avec des marchés qui ne croient pas qu'elle conservera des taux élevés l'année prochaine, la Fed peut être obligée d'en faire encore plus (un anti-Maradona), pour compenser le déficit de crédibilité.
D'où l'importance des discours actuels. S'ils sont efficaces, les taux longs devraient être plus élevés qu'ils ne le sont actuellement, ce qui, paradoxalement ferait en partie le travail de la Fed et donc limiterait son besoin d'augmenter les Fed funds.
En conclusion, écrit Stéphane Déo, l'erreur d'un assouplissement de politique monétaire prématuré dans les années 1970 semble être très présent à l'esprit de la Fed. Cela semble raisonnable au directeur stratégie marchés d'Ostrum AM, mais cela impliquerait aussi que les baisses de taux anticipées par le marché pour l'année prochaine sont probablement beaucoup moins probables que ne le pense le marché. Cela impliquerait aussi une courbe plus pentue. Des taux longs plus hauts pour plus longtemps.
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