(AOF) - « Pourquoi donc les États-Unis résistent-ils si bien face à un resserrement monétaire sans précédent ? », s’interroge Keith Wade, Chef Économiste et stratégiste chez Schroders. Ce dernier rappelle que les entreprises ont été capables de répercuter la hausse des coûts sur les prix, de sorte que la compression des marges bénéficiaires n’a pas encore eu lieu. Les entreprises n’ayant pas subi de pressions financières pour restructurer et réduire les emplois, elles contribuent ainsi à alimenter l’inflation en participant à l’augmentation des prix à la consommation.
Pour comprendre cette résilience de la croissance nord-américaine, Keith Wade juge nécessaire de chercher à comprendre pourquoi la demande reste si vigoureuse, malgré l'importante hausse des prix. Il explique que les ménages ont puisé dans leur épargne excédentaire pour maintenir leur pouvoir d'achat. Selon ses calculs, environ 800 milliards de dollars ont été utilisés pour soutenir la consommation en 2022 et il s'attend à ce que l'excédent d'épargne va continuer de baisser à un rythme similaire à celui de 2022.
Selon le Chef Économiste et stratégiste de Schroders, le point de départ du ralentissement de la demande des consommateurs sera le moment où les ménages décideront d'arrêter de puiser dans leur épargne excédentaire. " Il suffirait alors que la consommation baisse de 1 % pour exercer une pression sur le pouvoir de fixation des prix des entreprises et ainsi peser sur les marges bénéficiaires et les flux de trésorerie ", précise-t-il.
Les entreprises réagiraient alors en réduisant l'emploi, poussant le chômage à la hausse, et entrainant un fléchissement de la consommation, les ménages devenant plus prudents. Le ralentissement de l'économie serait alors plus tard en 2023.
Schroders prévient par ailleurs que si la politique monétaire n'a pas encore montré ses effets, cela ne veut pas dire que nous ne les observerons pas à l'avenir.
C'est pourquoi le gestionnaire d'actifs considère la récession comme retardée plutôt qu'esquivée. Si la demande des ménages ralentit comme prévu, la récession devrait avoir lieu au second semestre, voire plus tard. " Un assouplissement de la politique monétaire ou un revirement de la Fed devrait alors s'ensuivre ", conclut Keith Wade.
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