Sociétés

Le nouveau label ISR, une approche "peu durable" (Matthieu Bailly, Octo AM)

Publié le 10 novembre 2023 à 15h50

  AOF

(AOF) - Matthieu Bailly, directeur général délégué et gérant obligataire chez Octo AM, critique dans une note parue ce jour le principe du nouveau label ISR présenté le 7 novembre dernier par Bercy, consistant à "exclure de manière plus ferme les producteurs d’énergies fossiles investissant encore dans ce pan d’activité". Cette "exclusion forcée d’une liste d’émetteurs décidée par un organe central" lui semble une méthode "peu utile, peu durable, peu constructive voire dangereuse à plusieurs points de vue", estime-t-il.

Si le label ISR exclut de son spectre d'investissement le gaz, il n'exclut "que les producteurs mais absolument pas ceux qui le distribuent ou l'utilisent", remarque le gérant : EDF produit son électricité "encore à 8% grâce au gaz", mais " tire 25% de son bénéfice de la distribution de gaz, ce qui est beaucoup plus significatif", de même qu'Engie tire 34% de son bénéfice de la vente de gaz. "Ces deux entreprises ne sont donc pas exclues par le Label alors même qu'un quart de leur marge vient d'un produit devenant prohibé . De plus, EDF mentionne sur son site internet acheter son gaz au Qatar, en Russie, aux Etats-Unis, en Afrique du Nord ou en Azerbaidjan, autant de pays qui "n'ont cure du label".

La priorité écologique de l'Europe et de l'État Français se fait "au détriment des autres sujets de l'ESG, à savoir l'aspect social et de gouvernance" relève-t-il : "favoriser l'investissement au sein d'EDF, c'est privilégier une entreprise à la gestion désastreuse qui a dû être recapitalisée par l’État plusieurs fois alors même que ces fonds auraient pu finalement servir à investir dans la transition énergétique".

Matthieu Bailly remarque que parallèlement la plupart des entreprises "œuvrant majoritairement dans les énergies vertes, et donc plébiscitées par les labels divers", sont souvent "très peu fiables d'un point de vue de l'analyse crédit" et ont souvent "montré des défauts de gouvernance majeurs capables de pousser ces entreprises à la faillite", comme en témoignent les infortunes  de Senvion, Prokon, Vergnet, Solarworld, Q-Cells, Phoenix Solar, Conergy, First Solar, Ben-Q, Solar Millenium, Solon.

"Supprimer les financements Français et européens des entreprises françaises et européennes du secteur de l'énergie", "c'est ouvrir grand la porte aux investisseurs étrangers, dont la plupart ne seront clairement pas aux normes européennes dans les assemblées générales et conseils d'administration de ces entreprises" souligne le gérant. Totalenergies verra donc en son sein des actionnaires "de plus en plus étrangers et de moins en moins impliqués dans la transition énergétique, poussant l'entreprise à moins évoluer que si elle restait dans le spectre des investisseurs concernés".

Matthieu Bailly plaide enfin pour le principe de la réglementation SFDR, qui "demande aux investisseurs d'analyser et de prendre en compte les critères ESG dans leurs décisions d'investissement tout en leur laissant la totale liberté de leurs choix si tant est qu'ils respectent leur objectif et la méthode auxquels ils se sont engagés". Cette méthode serait "la plus dialectique et la plus constructive car elle permet aux points de vues différents de se confronter et de se compléter, la plus inclusive des différences entre les sociétés" "et en cela la plus légitime et donc la plus durable".

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