(AOF) - "Si les autorités peuvent peut-être se réjouir du retour de Donald Trump sur le plan géopolitique, son programme économique en revanche, s’il est appliqué, pourrait considérablement déstabiliser l’économie chinoise. Les premières annonces de nomination de la future administration Trump ne sont pas rassurantes pour la Chine. Marco Rubio, sénateur de la Floride, est pressenti pour devenir secrétaire d’État (équivalent français de chef de la diplomatie ou ministre des Affaires étrangères)", explique Crédit Agricole.
Or, il est connu pour ses prises de position très dures sur la Chine, et ce bien avant que la question ne devienne un sujet à Washington. Lors du premier mandat de Trump, il avait défendu les bases du déploiement d'une politique américaine mieux adaptée et subventionnée pour concurrencer l'économie chinoise, première bouture de l'IRA ou du Chips Act ensuite mis en place.
Marco Rubio est aussi à l'origine d'un projet de loi visant à bloquer les importations de produits chinois issus du travail forcé et de l'encadrement du développement des batteries produites avec des technologies chinoises.
De même, la nomination de Robert Lighthizer, qui pourrait retrouver son poste de secrétaire d'État au Commerce, serait une très mauvaise nouvelle pour la Chine. C'est lui qui avait pris les premières mesures sur les hausses de droits de douane visant les produits chinois, puis négocié l'accord Phase-1 avec la Chine.
Lors de la CIIE (China International Import Expo) qui se tenait la semaine dernière à Shanghai, le Premier ministre Li Qiang a défendu le commerce international et s'est élevé contre le protectionnisme, tout en indiquant que la Chine serait prête à s'ouvrir un peu plus aux investissements étrangers et à conclure de nouveaux accords de libre-échange.
"Il faut dire que la perspective de droits de douane à 60% sur l'ensemble des exportations (contre 17% de droits en moyenne actuellement, sur environ 60% des produits) serait une déflagration pour l'appareil exportateur chinois, surtout si ces droits s'accompagnent aussi d'un accroissement des contrôles du contenu en valeur ajoutée des biens exportés depuis des pays tiers", fait savoir Crédit Agricole.
Et la Chine n'a pas vraiment respecté ses engagements au titre de l'Accord Phase-1 : les 200 milliards de dollars d'importations américaines supplémentaires sur deux ans sont loin d'avoir été concrétisés. Si le déficit commercial bilatéral des États-Unis vis-à-vis de la Chine s'est réduit, c'est loin d'être le cas pour le déficit total et la dépendance réelle du pays aux intrants chinois, qui est probablement restée inchangée.