(AOF) - "Donald Trump a finalement mis sa menace à exécution en imposant des droits de douanes de 25% sur les importations en provenance du Mexique et du Canada, en plus de 10% supplémentaires sur les importations chinoises. En imposant aussi fortement ses alliés du marché d’Amérique du Nord qui pèsent pour près de 30% des importations américaines et qui sont totalement intégrés dans les chaines de production américaines, les Etats-Unis franchissent une étape que nous n’avions pas intégrée, dans notre scénario", commente Xavier Chapard, stratégiste chez la Banque Postale AM.
Certes, il est possible que ces tarifs soient réduits, voire même supprimés, à l'avenir si Donald Trump utilise essentiellement les droits de douanes comme moyen de pression pour des négociations. Mais on ne voit pas bien ce que peuvent offrir ces pays, à court terme, pour calmer l'administration américaine. D'autant qu'il est toujours plus facile, politiquement, d'augmenter les droits de douane que de les baisser.
"Nous intégrons donc ces droits de douanes dans notre scénario central, en plus de ceux sur la Chine et sur des biens ciblés (voitures européennes…) que nous avions déjà intégrés. Cela ajoute une hausse de 6 points des droits de douanes moyens sur les importations américaines, en plus de la hausse de 5 points que nous avions déjà prévue. En somme, le niveau des droits de douane atteint un sommet inédit depuis la seconde guerre mondiale", explique Xavier Chapard.
Cette guerre commerciale en Amérique du Nord va peser sur le PIB américain, via une hausse des prix à la consommation et des coûts de production américains, et à la baisse des exportations, d'autant que les pays ciblés vont riposter.
"Selon nos estimations cela réduira le PIB américain de l'ordre de 0,4% à horizon 2 ans, par rapport au scénario précédent (et risque de causer une récession au Mexique et au Canada)", précise le stratégiste.
Dans le même temps, l'inflation américaine devrait augmenter de l'ordre de 0,75%, à son pic dans un an, ce qui implique une accélération de l'inflation sous-jacente vers les 3,5% à la fin de cette année.