(AOF) - Même à l'heure des IA les plus créatives, imaginer Donald Trump sous les traits d'un sage bouddhiste requiert une imagination fertile. Pourtant, par son action depuis les premiers jours de son mandat, le président américain a rappelé au monde l'un des concepts fondateurs de cette philosophie : anicca, l'impermanence", souligne Enguerrand Artaz, stratégiste pour La Financière de l’Échiquier.
De déclarations intempestives en décrets éruptifs, en imposant des droits de douane à ses plus proches partenaires pour ensuite les suspendre, Trump impose au monde – et aux marchés – l'instabilité et l'éphémère de chaque situation".
"Les scénarios de marchés qui prévalaient en début d'année s'en trouvent balayés, tels des mandalas de sable. L'exceptionnalisme américain, qui brillait depuis 2 ans et dont il était consensuel d'imaginer qu'il se poursuive, a du plomb dans l'aile. Plombé par un effondrement de la balance commerciale – lui-même causé par une envolée des importations en prévision de l'augmentation des droits de douane – la croissance américaine devrait fortement ralentir au moins au premier trimestre", estime Enguerrand Artaz.
L'incertitude politique déprime la confiance des entreprises et des ménages. Le marché de l'emploi se fragilise à nouveau, notamment en raison des coupes d'emplois publics menées par le DOGE d'Elon Musk. Un désalignement d'étoiles qui ne laisse pas les marchés insensibles. A -2,2% depuis le début de l'année, le S&P 500 sous-performe la plupart des indices actions mondiaux.
A l'inverse, l'Europe, sur laquelle bien peu d'investisseurs entretenaient encore le moindre espoir en début d'année, est revenue au centre de toutes les attentions. Et pour de bonnes raisons, pour une fois. Un plan de 800 milliards d'euros d'investissements dans la défense au niveau européen, une relance budgétaire allemande plus rapide et substantielle qu'anticipé avant les élections fédérales de février, une stabilité politique retrouvée – au moins temporairement – en France.
"Si les statistiques macroéconomiques restent médiocres à ce stade sur le Vieux continent, ces belles éclaircies des perspectives ont amené les investisseurs, échaudés par l'instabilité américaine, à reconsidérer l'Europe comme terre d'investissement. Et les marchés européens, portés par le secteur de la défense, de caracoler en tête des classements, avec un EuroStoxx en hausse de 12,8% depuis le début de l'année", note Enguerrand Artaz.