Parole d'expert - Eric Doutrebente et Dominique Villeroy de Galhau, la Financière Tiepolo

La Financière Tiepolo : «Le bon sens consiste à investir dans les actions»

Publié le 15 mai 2015 à 10h48    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 10h57

La Financière Tiepolo, société indépendante de gestion de portefeuille, propose outre des fonds ouverts des mandats de gestion personnalisée, essentiellement en actions françaises et européennes. Eric Doutrebente, président, et Dominique Villeroy de Galhau, directeur général de La Financière Tiepolo, expliquent la politique d’investissement mise en œuvre.

Comment s’exprime votre démarche de bon sens dans un environnement dominé par les politiques monétaires des banques centrales ?

DVG : Aujourd’hui il n’y a plus de rentabilité sur l’investissement de court terme dans le contexte monétaire actuel. L’environnement de taux va encore durer. Le bon sens consiste à investir dans les actions car elles sont sur longue période le seul vecteur capable d’obtenir un rendement important, c’est-à-dire de 8 % à 10 % par an en moyenne, soit le double du rendement de l’immobilier, alors que cette classe d’actifs subit également des périodes de forte baisse. Entre 1992 et 1997 le marché immobilier parisien a ainsi baissé de 35 %. Pour un investisseur de long terme, capable de supporter le risque, il n’y a pas d’alternative aux actions, sauf de manière très ponctuelle.

A quelles catégories d’actions vous intéressez-vous ?

ED : Nous préférons l’approche microéconomique mais dans un même secteur vous pouvez avoir de très mauvais élèves. Nous avons certes une vision globale sur les aspects sectoriels mais très rapidement, il faut entrer dans l’investissement en ligne à ligne. Dans un même secteur cohabitent des groupes de taille mondiale dont le capital est totalement ouvert et des entreprises familiales aux flottants moins importants. Nous préférons souvent ces dernières car elles sont généralement plus faciles à comprendre et bien gérées.

En effet, une famille aux commandes de l’entreprise se montre habituellement plus attentive à la justification d’un programme d’investissement audacieux. Elles ont une vision beaucoup plus longue car l’entreprise est aussi un patrimoine familial à transmettre aux générations futures. En outre, nous souhaitons établir un contact avec ces managements familiaux afin de gagner leur confiance, nouer un dialogue qui permet de bien appréhender le dossier. Depuis la crise financière de 2007-2008, la qualité de l’information financière s’est améliorée.

Nous sommes des fouineurs, nous pénétrons au cœur de l’entreprise et là nous appliquons des recettes simples, avec notamment l’analyse du bilan, de la qualité de la communication, de l’historique de performance, la transparence dans les process des projets futurs et la pertinence de la stratégie. Nous sommes des investisseurs de conviction et de long terme. Nous laissons à l’entreprise le temps de créer de la richesse et avons donc besoin de bien l’appréhender avant d’investir.

Quelle lecture faites-vous des objectifs de chiffre d’affaires et résultats annoncés par les entreprises cotées ?

DVG : Les objectifs de chiffre d’affaires et de bénéfice sont encore probablement trop prudents car les managements ont été échaudés. A fin 2007, ils avaient investi car ils tablaient sur des hausses de chiffre d’affaires et de bénéfice. La crise les a pris en ciseaux. En 2008, les investissements les ont étranglés alors que les commandes baissaient en phase avec la réduction de l’activité économique. En 2015, nous avons une situation inverse : les chefs d’entreprise sont prudents et les perspectives n’ont pas encore été révisées en hausse.

Cela pourra venir à la lecture des résultats du premier trimestre qui ne surprendront peut-être pas beaucoup mais les entreprises commencent seulement maintenant à bénéficier des effets positifs liés à la baisse du prix du pétrole et à la hausse du dollar. Des dernières rencontres que nous avons eues avec les chefs d’entreprises, nous constatons une reprise encore timide dans certains secteurs, tandis qu’elle est bien amorcée dans la machine-outil, l’automobile et certains segments du bâtiment en dehors de France. Tel est le cas de Vicat.

Quel est l’impact de la forte demande de valeurs de rendement sur la structure de vos portefeuilles ?

ED : Le rendement est l’un de nos thèmes d’investissement car le dividende est la rémunération de l’actionnaire qui est copropriétaire de l’entreprise. Il dispose d’un droit de vote à l’assemblée et a droit de percevoir une quote-part du bénéfice net. Nous regardons non seulement la capacité d’une entreprise à dégager des bénéfices et à en verser une partie à ses actionnaires mais aussi à se financer, à renouveler son outil industriel, à améliorer les ratios du bilan pour avoir la possibilité de faire appel au crédit sur le marché et donc être en mesure d’augmenter le taux de rémunération brut chaque année grâce à l’augmentation du bénéfice. Les sociétés qui répondent à ces critères sont intrinsèquement solides. Dans ces conditions, peu importent les modes passagères. En outre, dans les phases de volatilité des marchés, le dividende constitue une ligne claire qui apporte une sécurité dans l’investissement.

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