Parole d'expert - Joël Le Saux, Syz Asset Management

«Les actions japonaises, une solution de diversification à ne pas négliger»

Publié le 27 avril 2018 à 11h40    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 10h51

Communiqué

L’économie japonaise se porte (enfin) bien et les marchés d’actions nippons présentent des niveaux de valorisation modestes. Pour Joël Le Saux, gérant chez Syz Asset Management du fonds Oyster Japan Opportunities, tous les éléments sont réunis pour investir sur cette classe d’actifs.

Le Japon, longtemps boudé en raison de son manque de dynamisme, attire de nouveau les investisseurs…

Le pays vient d’enregistrer huit trimestres consécutifs de croissance, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, et la page de la déflation est tournée. Le marché du travail est dynamique. Malgré la problématique démographique, la population active progresse de 0,6 % par an. Par ailleurs, on recense 1,6 offre d’emploi par demandeur d’emploi ; le taux de chômage est donc très faible, à seulement 2,5 %, et il s’agit avant tout d’un chômage résiduel résultant du décalage entre l’offre, qui compte beaucoup d’emplois non qualifiés, et la demande. Enfin, les salaires progressent : les rémunérations (salaires, heures supplémentaires et primes) ont augmenté de 1,8 % par an au cours des cinq dernières années. Tous ces éléments portent la confiance des consommateurs, avec une consommation qui a crû de 1,7 % l’an dernier, soit au même rythme que les salaires. Pour les entreprises aussi, les niveaux de confiance sont au plus haut depuis 25 ans.

Quelles sont vos anticipations en ce qui concerne la politique de la Banque centrale du Japon ?

Tous les indicateurs étant au vert, on peut s’interroger sur la légitimité de la politique accommodante de la Banque du Japon. En fait, cette dernière a fixé, il y a cinq ans, un objectif peu réaliste d’inflation à 2 %, qui ne correspond pas à la réalité économique du pays. C’est ce qui explique qu’elle veuille contrôler les taux longs.

Nous estimons néanmoins qu’elle pourrait finir par se montrer plus laxiste sur cet objectif d’inflation. Par ailleurs, elle a tout intérêt à ne pas tarder à normaliser sa politique monétaire car, si elle attend trop longtemps pour le faire, elle risque d’être en retard par rapport à un cycle global de resserrement monétaire déjà engagé. Sans compter qu’elle est quasiment dépourvue de «munitions», et doit donc se réarmer pour être en mesure de soutenir l’économie le jour venu.

Le calendrier pour communiquer sur un potentiel resserrement monétaire est néanmoins très serré, compte tenu de la hausse de TVA de l’automne 2019, qui entraînera immanquablement une récession technique jusqu’au printemps 2020. Il est donc envisageable que la Banque du Japon opère ce resserrement en catimini, sans l’annoncer officiellement.

Quels sont les intérêts à se positionner sur le marché japonais ?

Ce marché est aujourd’hui normalisé. Son niveau de valorisation est attrayant, puisque le multiple de BNPA ressort à 13,4 sur la base des bénéfices estimés à 12 mois. Par ailleurs, les anticipations de croissance sont modestes, le consensus tablant sur une progression des bénéfices de 4 % cette année. Ceci signifie que le risque que les résultats d’entreprises déçoivent est limité. Le marché japonais représente donc une solution de diversification internationale avantageuse dans le cadre de l’allocation actions d’un portefeuille. D’autant qu’il offre une décorrélation intéressante en cas de correction des marchés, le yen s’appréciant toujours en cas de panique boursière.

Sur quels types de valeurs faut-il investir ?

Nous préférons rester à l’écart des sociétés qui réalisent une part importante de leur activité grâce aux exportations, car la plupart d’entre elles affichent des niveaux de valorisations bien trop élevés. Nous sommes sous-pondérés sur les constructeurs automobiles, très exposés au marché américain. De fait, le resserrement de la politique monétaire outre-Atlantique entraîne une hausse du coût de financement pour les particuliers qui ont coutume d’acheter leur véhicule en leasing. De même, nous sommes peu présents sur les grands fabricants de robots. La robotique étant un thème d’investissement à la mode, le secteur a enregistré d’importants flux acheteurs. Ceci a porté les valorisations à des niveaux qui ne correspondent pas aux fondamentaux.

Nous privilégions les entreprises exposées au marché domestique, dont les valorisations sont encore attrayantes. C’est notamment le cas des banques. Sans compter que tout changement dans la politique monétaire de la Banque du Japon, qui se traduirait par une pentification de la courbe des taux, aurait un impact positif pour ces établissements. Nous sommes également investis sur deux sociétés de chemin de fer : Keisei Electric Railway, qui opère des liaisons entre Tokyo et sa banlieue, et Central Japan Railway, dont le positionnement est similaire à l’Eurostar et qui gère la ligne Tokyo-Osaka. Ces deux sociétés sont bien gérées, dégagent des profits et profitent du dynamisme du marché du travail japonais, comme en témoigne la hausse annuelle de 3 % du nombre de passagers. 

Dans la même rubrique

Les 50 sociétés de gestion qui comptent - Sélection 2023

Pour la plupart des acteurs présents dans cette nouvelle sélection des 50 sociétés de gestion qui...

Les Rencontres gestion d’actifs et innovation

L’industrie de la gestion d’actifs ne cesse de se transformer, avec deux principaux moteurs...

Les 50 sociétés de gestion qui comptent  Sélection 2022

La sélection des « 50 sociétés de gestion qui comptent » de Funds est le reflet des beaux succès...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…