Quelle est, en tant qu’acteur global, votre perception de l’investissement durable ?

Notre expertise depuis plus de 20 ans en investissement durable et notre présence mondiale nous permettent de comprendre que les enjeux environnementaux gagnent en importance avec la réglementation croissante, et que les problématiques sociales ont un impact réel sur les stratégies des entreprises. De plus, notre présence globale nous permet d’appréhender la divergence des avis sur les bonnes pratiques selon les pays et les cultures. Il existe, par exemple, différentes positions relatives à l’alcool, aux substances abortives, aux combustibles fossiles, à l’énergie nucléaire, ou encore à la fabrication d’armes. Il est donc primordial d’avoir une approche pragmatique en matière d’intégration ESG pour tenir compte des exigences et des opinions de nos clients. Promouvoir l’investissement durable auprès de nos clients nécessite également de la pédagogie avec une sensibilisation à la classification et à la terminologie ESG, qui est très dense et truffée d’acronymes, souvent utilisés l’un pour l’autre. Qui plus est, de nouveaux risques ESG peuvent émerger au fil du temps. L’investissement durable nécessite donc aussi une approche flexible et innovante pour pouvoir anticiper de nouvelles réglementations mais aussi l’évolution des mentalités de nos différentes typologies de clients.

Comment la demande des investisseurs évolue-t-elle ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les encours mondiaux en investissement durable ont crû de 25 % entre 2014 et 2016. L’Europe et les Etats-Unis continuent de concentrer la majorité des encours. Toutefois, la demande des investisseurs asiatiques est en très forte hausse, à la faveur notamment de l’apparition de nombreux codes de l’investissement durable sur ce continent. Auparavant, les clients se contentaient de se concentrer sur les pratiques d’exclusion des fonds d’investissement. Désormais, ils demandent de plus en plus que les critères ESG soient intégrés au cœur des processus d’investissement. Il y a même un intérêt croissant pour des stratégies d’engagement positif et inclusif. Nous le constatons régulièrement dans les nombreux appels d’offres que nous recevons. Bien sûr, la crise financière et l’évolution réglementaires servent de catalyseurs. Mais nous constatons aussi une vraie prise de conscience, notamment au sein de la nouvelle génération d’épargnants, qui souhaite concilier performances financières et durabilité.

Quelle est la politique d’engagement de J.P. Morgan Asset Management auprès des entreprises ?

L’engagement est une composante majeure et permanente de l’intégration de l’ESG dans nos processus d’investissement. Nous échangeons régulièrement avec les sociétés sur un grand nombre de thématiques sortant du champ de la performance financière, comme, en matière de gouvernance, la composition du conseil d’administration, les droits des actionnaires, l’alignement de la rémunération des dirigeants ou les risques climatiques et la cyber-sécurité.

En 2017, l’équipe ESG de Londres a entrepris pas moins de 288 réunions spécifiques avec des dirigeants (700 à l’échelle mondiale) pour discuter spécifiquement des questions ESG. Ces rendez-vous viennent s’ajouter aux milliers réalisés chaque année par les analystes et les gérants.

Au-delà de l’intégration ESG dans toutes vos classes d’actifs, développez-vous des stratégies

ISR ?

Pour répondre aux besoins d’investisseurs à la recherche de stratégies ISR, nous développons depuis deux ans une gamme «sustainable equity». Un fonds investi sur l’Europe, JPMorgan Funds – Europe Sustainable Equity Fund, a été lancé fin 2016, avec actuellement environ 200 millions d’euros d’encours et une surperformance sur un an, à fin février, de 2,01 % par rapport à son benchmark*. Cette stratégie est amenée à se développer sur d’autres zones géographiques.