(AOF) - Après la Fed et son annonce d’un potentiel ralentissement de son programme d’achat de titres, le fameux "tapering", la banque centrale européenne était attendue aujourd’hui pour sa rentrée monétaire. Comme prévu, le conseil des gouverneurs a annoncé le ralentissement du rythme des rachats d'actifs dans le cadre de son PEPP suite à une amélioration des conditions financières.
Christine Lagarde prépare ainsi le marché à la fin de ce programme d'achat exceptionnel mis en place au début de la crise sanitaire. " On peut raisonnablement s'attendre à ce qu'elle annonce en fin d'année la fin de ce programme pour mars 2022 ", estime Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez Candriam.
Dans cet exercice de communication délicat, le choix des mots était important et en parlant de " re-calibration " plutôt que de " tapering ", elle a souligné que la banque centrale serait toujours présente en 2022 afin d'éviter le resserrement des conditions financière en utilisant notamment son autre programme d'achat l'APP, ajoute l'expert.
Le deuxième objectif de la réunion monétaire était de présenter les perspectives économiques pour 2022 et 2023. Logiquement, Christine Lagarde a annoncé une révision à la hausse de l'indice d'inflation CPI à 1,7% contre 1,5% pour 2022, et de 1,5% contre 1,4% pour 2023. Ainsi, la banque centrale prend acte de la plus forte inflation en 2021 mais la qualifie de temporaire puisqu'elle devrait retourner sous les 2% l'année prochaine, constate Nicolas Forest.
Comme ses homologues, la BCE entre donc dans une nouvelle phase de politique monétaire – une phase qui en 2013 avait conduit le marché dans une panique obligataire mais qui aujourd'hui semble avoir très peu d'effet.
" À ce jeu de ‘re-calibration' la hausse des taux longs devrait donc rester limitée… sauf si l'inflation n'est pas si temporaire et que finalement elle doive réajuster à la hausse ses anticipations d'inflation ", explique Nicolas Forest.
" Mais aujourd'hui, après cette réunion, le marché semble bien adhérer au discours monétaire ambiant ", conclut l'expert.