Sociétés

Trois questions à Wolfgang Fickus, de Comgest "Le parti communiste chinois ne veut pas détruire l'économie"

Publié le 30 septembre 2021 à 10h13

  AOF

(AOF) - Le ralentissement de la croissance et l'offensive de Pékin sur certains secteurs suscitent depuis quelques semaines l'inquiétude des investisseurs. Pour Wolfgang Fickus, responsable des relations avec les investisseurs chez Comgest, ces vents adverses devraient rapidement s'estomper. La conjoncture actuelle offre même des opportunités sur le long terme.

Les derniers indicateurs économiques témoignent d'un ralentissement de l'économie chinoise, est-ce inquiétant ?

Les ventes au détail et les indices PMI ont été plus faibles que prévu récemment et on ne peut que constater la faiblesse de l'économie réelle. Cette faiblesse est principalement due aux restrictions de voyage imposées par la crise sanitaire ainsi qu'à des restrictions sévères à plus court terme sur les activités industrielles afin d'atteindre les objectifs d'émission de carbone, sans oublier le resserrement de l'offre de crédit. Nous surveillons la situation et prévoyons une certaine normalisation avant la fin de l'année.

En tant qu'investisseur dans des valeurs de croissance de qualité, nous pensons que l'impact sur nos portefeuilles d'un ralentissement devrait être atténué par les atouts des entreprises que nous sélectionnons. Nous n'avons pas, notamment, et n'avons jamais eu, d'exposition aux banques ou aux promoteurs immobiliers chinois, secteur où l'incertitude entourant l'issue de l'affaire Evergrande est très élevée.

La pression exercée par Pékin sur certains secteurs ne risque-t-elle pas de peser sur l'activité, et sur la confiance des investisseurs internationaux ?

Outre les promoteurs immobiliers et les banques auxquels nous ne touchons pas, nous n'avons pas investi dans le secteur de l'AST (after school tutoring) car nous craignions depuis un certain temps l'épée de Damoclès réglementaire. La confiance des investisseurs internationaux a été ébranlée, comme en témoigne la prime de risque très élevée du marché boursier chinois.

D'un autre côté, cela ouvre des opportunités pour les investisseurs fondamentaux à long terme tels que Comgest, car nous identifions plusieurs tendances de croissance structurelle à long terme dans la haute technologie, les services liés à Internet, la biotechnologie et les soins de santé.

Bien sûr, la reprise en main réglementaire a été soudaine, mais nous ne pensons pas que le PCC veuille détruire l'économie. Il s'efforce d'uniformiser les règles du jeu afin que tous les Chinois aient les mêmes chances de réussir et de réduire les excès liés à la domination du marché.

Une fois la poussière retombée, les investisseurs internationaux reviendront sur le marché chinois. C'est ce que nous avons constaté lors des "épisodes" précédents, comme la campagne anticorruption, par exemple.

Le retour de la " prospérité commune " est-il vraiment une mauvaise chose ? / Qui sont les secteurs gagnants et perdants ?

Les secteurs de l'AST et de la promotion immobilière sont des secteurs en perte de vitesse. Il pourrait en être de même pour les business models liés à l'internet, par exemple dans la livraison de nourriture ou les services de taxi, où les employés sont pressurisés et les conditions de travail intenables. La croissance des valeurs liées aux jeux sera également affectée, mais pas de beaucoup, car les limites imposées aux jeux pour enfants ne touchent pas la grande communauté des joueurs adultes.

Les secteurs technologiques à forte intensité de R&D, tels que les semi-conducteurs, l'ingénierie de haute technologie (acteurs de l'industrie 4.0), les sciences de la vie et la biotechnologie, seront les gagnants et sont fortement encouragés par l'État chinois. Il n'y a qu'à regarder le Star Board lancé en 2019 comme un tremplin pour les entreprises technologiques chinoises pour savoir quels sont les secteurs qui ont la cote au PCC...

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot

L'info financière en continu

Chargement en cours...

Analyses

Le blog de Marie Fournier responsable du bureau parisien ,  Lupus alpha AM

Le Mittelstand allemand : innovation et croissance au cœur du réacteur

Nous ne parlerons jamais assez des petites et moyennes valeurs européennes. La tendance ne semble…

Publié le 10/04/2025

Le blog de Philippe Garrel directeur des fonds de dette Transition énergétique ,  Sienna Investment Managers.

La menace Trump ne doit pas faire dévier l’Europe de sa transition énergétique

En dépit des décisions contestables du nouveau président américain et faute de ressources fossiles…

Publié le 07/04/2025

Le blog de Yann Giordmaïna Responsable du pôle value ,  La Financière de l’Échiquier

Gestion value : 5 ans, l’âge de raison ?

Les gestions value ont été relativement délaissées par les investisseurs au cours des cinq dernières…

Publié le 01/04/2025

Dans la même rubrique

Amundi : le digital s’impose pour toutes les générations d’investisseurs

(AOF) - Les canaux digitaux sont plébiscités par près de 73 % des investisseurs particuliers pour...

France Invest : le capital investissement renforce sa place dans le patrimoine des Français

(AOF) - Le capital investissement a poursuivi en 2024 son ouverture au grand public, selon la...

LFDE : Anne-Sophie Girault nommée au poste de head of international development

(AOF) - La Financière de l’Échiquier (LFDE) poursuit son développement international en annonçant la...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…