(AOF) - "Trump est-il vraiment si inflationniste pour les Américains?" Pour Alexandre Hezez, stratégiste du Groupe Richelieu, ce risque est "bien réel mais largement surestimé pour le moment". À l’heure où l’inflation semble en partie jugulée par l’action de la Banque centrale américaine, "il est difficile d’imaginer que Donald Trump accepte de devenir impopulaire auprès des ménages américains" fait-il valoir. Trump "dispose de plusieurs leviers qui devraient modérer ce risque", à savoir "la dérégulation, l’énergie, l’immobilier, les réformes administratives, la géopolitique et le dollar fort".
La dérégulation proposée par Donald Trump "pourrait contribuer à réduire l'inflation". Dans le domaine du transport et de la logistique, une dérégulation des secteurs aérien, ferroviaire ou routier pourrait "améliorer l'efficacité et réduire les coûts". De même, une dérégulation dans le secteur financier permettrait de "stimuler les prêts aux consommateurs et aux entreprises, encourageant ainsi la consommation et l'investissement". Cependant, cela pourrait aussi avoir des effets inflationnistes à long terme si cette politique n'est pas maîtrisée.
Le projet d'Elon Musk pour faire maigrir l’État fédéral, qui inclut des renvois massifs de fonctionnaires, la suppression de subventions et une dérégulation importante, "pourrait avoir un impact direct sur le déficit budgétaire". Cela "contrebalancerait en partie les effets inflationnistes sur le marché du travail et les salaires", comme l'a corroboré la déclaration du nouveau secrétaire au Trésor.
La baisse du prix du pétrole et du gaz est un impératif pour l'opinion publique. Or Donald Trump a promis de "forer" pour réduire de moitié les coûts de l'énergie. La libéralisation annoncée est de nature à faire baisser le seuil de rentabilité moyen pour le baril de pétrole, estimé à 60 dollars.
Trump prévoit de simplifier les réglementations et les procédures d'autorisation pour la construction de logements. Il s'agirait d'ouvrir de vastes étendues de terres fédérales au développement immobilier, afin d'encourager l'investissement privé et d'augmenter l'offre de logements, ce qui "pourrait contribuer à stabiliser ou réduire les prix immobiliers".
Le souhait de Donald Trump de mettre fin aux grands conflits internationaux pourrait avoir un effet désinflationniste : cela pourrait stabiliser les flux commerciaux, perturbés par les conflits, limiter les hausses de prix liées aux problèmes d'approvisionnement, et donc atténuer certains effets inflationnistes.
Enfin la divergence de croissance économique et de politique monétaire entre les États-Unis et le reste du monde devrait renforcer le dollar, ce qui pourrait "compenser en grande partie les effets des hausses de tarifs douaniers imposées au reste du monde, limitant leur impact sur les prix importés".