(AOF) - "La première semaine du nouveau président Trump a été marquée par beaucoup de déclarations et de décrets signés mais sans la mise en œuvre immédiate des politiques économiques les plus extrêmes (qui auraient été des hausses immédiates de droits de douane ou un gel total de l'immigration)", explique Xavier Chapard, stratégiste pour la Banque Postale AM.
"Cela dit, l'incertitude sur les politiques à venir des Etats-Unis reste aussi élevée qu'avant l'investiture, avec en particulier la menace de hausses de droits de douane dès le second trimestre toujours présente, en fonction des négociations bilatérales", poursuit-il.
Cela a permis un léger soulagement sur les marchés et un léger dégonflement du trade "Trump", suivant l'adage qu'il faut acheter les rumeurs mais vendre les faits, quand ils sont assez en ligne. Ainsi, les marchés actions ont atteint de nouveaux plus hauts historiques et les primes de crédits des plus bas de l'année des deux côtés de l'Atlantique.
Par ailleurs, la prime sur le dollar s'est un peu dégonflée (l'euro s'approchant des 1,05 pour la première fois depuis début décembre) et l'écart de taux d'intérêt entre les Etats-Unis et l'Europe s'est marginalement resserré.
"Au total, la première semaine de la nouvelle administration renforce notre idée qu'il faut prendre au sérieux mais pas à la lettre les politiques économiques proposées par Trump pendant la campagne. Notre scénario intègre ainsi des hausses de droits de douane ciblées et modérées, le maintien d'une politique fiscale très accommodante mais avec peu d'assouplissements supplémentaires, et une baisse nette des flux migratoires entrants par rapport aux dernières années mais sans réduction significative du stock d'immigrés", fait savoir Xavier Chapard.
Ce scénario maintiendrait un peu plus de pressions inflationnistes et favoriserait la croissance de court terme à celle de long terme pour les Etats-Unis, et réduirait un peu la croissance à court terme dans le reste du monde, sans pour autant changer profondément le scénario global. Si tel est le cas, les actifs décotés européens sont assez attractifs sans pour autant que la prime sur les actifs américains ne s'efface rapidement.
"Cela dit, nous restons convaincus qu'il sera nécessaire d'ajuster notre scénario et d'être très agiles dans notre gestion d'actifs afin de s'adapter aux turbulences qui seront très probablement provoquées par les décisions de la nouvelle administration américaine", précise le stratégiste pour la Banque Postale AM.