Entretien avec … Alice Ducros, gérante de portefeuilles et conseil en gestion de patrimoine artistique, KBL Richelieu Banque Privée.
Quel est le premier conseil que vous donneriez à un client souhaitant constituer un patrimoine artistique ? Qu’est-ce qui est à l’origine d’une telle démarche ?
Acheter une œuvre d’art doit avant tout rester un plaisir. Chaque personne a une sensibilité différente, que nous accompagnons en proposant à certains de se concentrer sur une période, ou une école, quand d’autres privilégieront une diversification historique ou matérielle. Quoi que l’on achète, il faut toujours s’assurer de la provenance, de l’authenticité, et prendre son temps. Il peut être très instructif d’assister à des ventes aux enchères, ouvertes à tous, afin de prendre la température d’un marché. Le coup de cœur est souvent au centre de l’achat d’une œuvre d’art.
Faut-il envisager l’art comme n’importe quel autre actif ?
Chaque classe d’actifs est différente. Une des particularités des œuvres d’art est que l’on peut en attendre une plus-value, en plus du bénéfice esthétique, mais elle ne génère pas de flux à la manière de coupons ou de dividendes. L’art a ses critères propres, c’est un bien rare et non substituable, avec une hétérogénéité maximale. Une évolution possible pour envisager une œuvre d’art comme un investissement classique serait le développement de fonds d’investissement à la manière des sicav. Malgré les nombreuses possibilités qu’offre ce véhicule, ce type de fonds reste peu développé et confidentiel. Au sein du patrimoine, je dirais plutôt que l’art peut être envisagé comme un outil d’optimisation, fiscal et successoral.
La fiscalité est-elle la même quelle que soit la nature des œuvres d’art (tableaux, bronzes, céramiques, photos…) ? Quels sont les avantages fiscaux ?
Les œuvres d’art concernées par une fiscalité avantageuse sont constituées de toutes les pièces originales, avec une limitation d’édition pour les multiples. Les avantages fiscaux sont l’exonération d’ISF, l’imposition de la plus-value avantageuse à la revente, l’estimation au forfait lors de la succession et la déduction d’impôt pour l’achat d’œuvres par l’entreprise.