Vous avez, ces dernières années, apporté vos conseils en matière d’investissement durable aux investisseurs à travers le monde. Quels sont aujourd’hui les enjeux pour un gestionnaire comme BNPP AM ?

Nous sommes à la croisée des chemins. Le temps est venu pour la finance de jouer son rôle dans la construction du monde durable que nous souhaitons et que l’accord de Paris et les objectifs de développement durable de l’ONU ont défini. Face à cette urgence, les gestionnaires d’actifs, et plus largement, le monde de la finance, doivent s’engager auprès des sociétés, des régulateurs, des politiques, de la société civile pour promouvoir, à travers leurs investissements, une croissance bas carbone, inclusive et préservant l’environnement, afin de créer des performances durables et de protéger, in fine, l’économie dans son ensemble. BNPP AM est plus que déterminé à collaborer avec ses clients et l’ensemble de ses parties prenantes pour accélérer son engagement dans l’investissement durable, initié depuis 2002, et s’imposer comme «future maker».

Quelle est l’étape supplémentaire avec votre stratégie «sustainability» ?

C’est une avancée ambitieuse et différenciante dans notre priorité de délivrer, sur le long terme, des retours sur investissement qui soient durables. Nous avons élaboré une approche très détaillée de l’investissement durable, des objectifs et des engagements clairs, et ce autour de trois thèmes clés, les «3E», pour promouvoir une croissance économique durable : la transition énergétique ; la protection de l’environnement ; l’égalité et la croissance inclusive. Notre «stratégie» s’appuie sur quatre piliers, avec pour chacun une feuille de route à horizon 2020.

Quels sont ces quatre piliers ?

Le premier, «l’intégration ESG»2, a pour objectif de revoir et approuver d’ici 2020 l’ensemble de nos stratégies, soit actuellement 400 milliards d’euros, avec une intégration de ces critères à toutes les étapes des processus de gestion, sur la base de règles formelles et ambitieuses définies en 2018 et supervisées par notre nouveau comité de validation ESG. Le deuxième pilier, le «stewardship»3, vise à renforcer le dialogue avec les sociétés dans lesquelles nous investissons mais aussi avec les politiques, les régulateurs et les groupements professionnels. Sur le troisième pilier, la «conduite responsable de l’entreprise», l’avancée la plus récente concerne le renforcement de notre politique d’exclusion dans le secteur du charbon, visant à désinvestir des sociétés carbo-intensives. Le quatrième pilier, «perspectives à long terme», repose sur des objectifs et des indicateurs clés de performance à remplir pour promouvoir les «3E», avec l’ambition que ces objectifs deviennent une référence dans la gestion d’actifs. A ces quatre piliers, s’ajoute, bien évidemment, notre gamme de fonds ISR4 et de fonds thématiques d’impact, qui représente aujourd’hui 40 milliards d’euros d’encours et que nous allons continuer à développer.

Quelles sont vos ressources supplémentaires ?

L’équipe du «Sustainability Centre» s’est enrichie de 14 professionnels, avec aujourd’hui 25 personnes expérimentées et 8 langues parlées. Ma présence au sein du comité d’investissement permet aussi d’optimiser le déploiement de notre stratégie sustainability. Pour renforcer nos actions de «stewardship», nous avons recruté deux responsables régionaux pour l’Asie et les Amériques. Nous nous appuyons aussi sur notre participation aux différentes initiatives de place (Climate Action 100+,TEG5, TCFD6, IIGCC7, etc.).

Comment allez-vous rendre compte de vos avancées ?

En 2020, BNPP AM mesurera et fera un reporting sur l’impact et la progression de ces initiatives. Nous introduirons ensuite des objectifs additionnels en lien avec chacun des 3E.

1. Investissement durable.

2. Environnement, social, gouvernance.

3. Engagement et dialogue.

4. Investissement Socialement Responsable

5. Technical expert group on sustainable finance de la Commission européenne.

6. Task force on climate-related financial disclosure.

7. Institutional investors group on climate change.