(AOF) - "La France affronte en ce moment une crise politique comme elle n’en a que rarement connu sous la Ve République alors que sa situation économique est elle aussi préoccupante", prévient François Rimeu, stratégiste senior chez Crédit Mutuel AM. Deux scénarios se présentent. "Soit les efforts consentis sur le budget ne sont pas suffisants au goût du RN et amènent la motion de censure à passer. Soit le gouvernement Barnier fait passer un budget, plus ou moins amendé, via le 49.3 de la Constitution et survit à une potentielle motion de censure (avec sans doute un RN qui s'abstiendrait de la voter).
François Rimeu détaille le premier cas de figure. "Nous estimons aujourd'hui la probabilité de voir le gouvernement Barnier ne pas résister à une motion de censure à 50 %. Les banques d'investissement semblent un peu plus optimistes que nous avec une probabilité autour de 30 % en moyenne. Dans cette hypothèse, il nous semble probable de voir dans un premier temps le spread OAT vs Bund passer à 95-100 points de base et les actions françaises sous-performer les autres indices européens de 2 à 3 %"
Dans ce contexte, "nous sommes au précipice d'une période très incertaine, sans doute encore une fois négative pour les perspectives de croissance, avec peu de chance de voir la situation se stabiliser avant les élections en juillet". "Les agences de notation seraient logiquement sévères avec la France avec une probable dégradation de sa notation".
Dans le 2ème cas, celui où le gouvernement Barnier arriverait à survivre à une motion de censure, Crédit Mutuel AM estime qu'il y aurait inévitablement un soulagement et donc un rebond des actifs français. Un retour autour de 70 points de base sur le spread OAT vs Bund nous semble envisageable ainsi qu'une légère surperformance des actions françaises, de l'ordre de 1-2 %.
Mais ce soulagement "risque d'être d'assez courte durée", poursuit François Rimeu, avec notamment "le spectre de nouvelles élections en juillet prochain qui devrait de toute façon limiter grandement la volonté des investisseurs d'augmenter leurs allocations aux actifs français".