(AOF) - "La présidence de Donald Trump risque de poser des défis à la dynamique mondiale de l'investissement durable. Son premier mandat était marqué par un recul des protections environnementales qui a provoqué des secousses dans l'écosystème mondial de la finance durable", explique Deepshikha Singh, head of stewardship pour Crédit Mutuel Asset Management. Les politiques énergétiques attendues de Trump, axées sur la relance des combustibles fossiles, pourraient compromettre les progrès réalisés sous Biden.
La loi sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act) pourrait faire face à des défis. Cependant, une abrogation totale de l'IRA semble peu probable étant donné qu'elle risquerait de nuire à la croissance des emplois manufacturiers et des investissements dans les énergies propres et pourrait nuire à la compétitivité du secteur des énergies propres des États-Unis face à la Chine.
"Pour les investisseurs, les perspectives sont contrastées. Ils pourraient assister à des réductions importantes des mesures climatiques fédérales et des normes de reporting. Le candidat de Trump au poste de président de la Securities and Exchange Commission (SEC) est opposé aux règles de reporting climatique de la SEC. Toutefois, des États (Californie, New York…) devraient continuer à fixer des objectifs climatiques ambitieux. De plus, les grands investisseurs institutionnels pourraient soutenir la demande d'actifs durables ; les risques financiers restant des préoccupations centrales", atteste Deepshikha Singh.
En 2024, JP Morgan Asset Management et State Street Global Advisors ont annoncé leur départ de Climate Action 100+ tandis que Goldman Sachs a quitté la Net Zero Banking Alliance. Les banques américaines sont confrontées à des pressions sous prétexte que leur appartenance à des groupes d'action et leurs engagements ESG pourraient conduire à des violations des lois antitrust ou du devoir fiduciaire.
Néanmoins, la sensibilisation des institutions financières aux risques climatiques et à l'investissement durable ont continué à stimuler les investissements. Par exemple, la plateforme "Aladdin Climate" de BlackRock permet aux investisseurs d'évaluer les risques climatiques, tandis que Goldman Sachs et Bank of America se sont respectivement engagés à verser 750 milliards et 1,5 milliard de milliards de dollars au titre du financement durable d'ici 2030.