(AOF) - " Donald Trump continue donc de souffler le chaud et le froid et menace, par l’instauration de droits de douane importants, l’équilibre du commerce mondial. Est-il dans une posture de négociations ou souhaite-t-il passer en force ? Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais les rappels à l’ordre de l’économie et des marchés devraient rapidement l’interpeller ", explique Emmanuel Auboyneau, gérant associé d'Amplegest.
De même, les réactions de plus en plus nombreuses des industriels américains sont de nature à peser même s'il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. C'est peut-être le consommateur américain qui détient la clef et provoquera une prise de conscience.
La consommation est le carburant essentiel de la croissance américaine. Si la confiance recule, la consommation patine et l'activité économique avec. Les indicateurs de confiance montrent d'ores et déjà des signes d'infléchissement qu'il faut surveiller.
" Nous n'envisageons pas à ce stade une récession américaine mais nous restons attentifs face à l'incertitude des décisions politiques. La Reserve fédérale pourrait également avoir son rôle à jouer en baissant ses taux deux à trois fois d'ici à la fin de l'année si l'économie ralentit trop fortement ", souligne Emmanuel Auboyneau.
Une guerre commerciale ne fait que des perdants et le protectionnisme, tous les précédents historiques le montrent, n'est pas une bonne solution. Cette incertitude oblige tous les gouvernements et les Banques Centrales, hors Etats-Unis, à trouver des parades.
En Europe, par exemple, les plans de relance massifs, essentiellement tournés vers le secteur militaire pour l'instant, sortent le continent de l'orthodoxie budgétaire qui prévalait depuis de nombreuses années. Ils auront un effet bénéfique sur l'activité qui compensera en grande partie les conséquences néfastes des droits de douane américains.
La Banque centrale européenne va également poursuivre ses assouplissements monétaires même si l'inflation n'est pas tout à fait vaincue.
Enfin, des rapprochements de circonstance, avec la Chine par exemple, sont toujours possibles.
" L'Europe ne semble pas vouloir subir les coups de force de Donald Trump sans réagir. C'est un bon point qui obligera sans doute notre continent à se réinventer. Si certains secteurs, comme l'automobile, seront très touchés par les droits de douane, l'économie européenne dans son ensemble devrait résister et même peut-être rebondir progressivement après des années de stagnation ", indique Emmanuel Auboyneau.